Le dos musclé de Billy, semblable à une armure, semble paré à tous les combats. Notamment les luttes qui l’opposent aux boxeurs thaïs ou, plus gravement, celle qui le lie aux addictions. Mais, dès les premières séquences, notre héros magnifique de virilité, échoue à l’intérieur du ring et se fait arrêter par des policiers impitoyables en pleine ville de Bangkok.
On est loin des images d’Epinal de la Thaïlande. Le film est un véritable coup de poignard dans l’intériorité violente et sans nuance des prisons asiatiques. Les mâtons, les policiers, et les taulards ne font pas dans la dentelle. « Un Prophète » offrait déjà une vision totalement apocalyptique de l’univers carcéral. Ici, non seulement les enjeux de pouvoir sont décrits avec rage comme dans l’œuvre d’Audiard, mais les droits de l’homme sont loin des préoccupations politiques de la Thaïlande. Les prisonniers dorment par terre, sur des paillasses, dans des salles communes où le minimum d’intimité et d’hygiène n’est pas de mise. La drogue, les règlements de compte, les viols, les rapports de pouvoir à la limite de la mafia, sont le lot quotidien des prisonniers qui survivent comme ils peuvent dans une atmosphère moite et irrespirable.
Rarement, on n’aura vu de films ces dernières années avec une telle tension dramatique. Le personnage principal, est interprété par un Joe Cole absolument non reconnaissable, dont le jeu se rapproche de la perfection. On imagine certes que les scènes de combat ont été doublées, pour autant, le spectateur est bluffé par l’implication physique et psychologique du comédien.
Il serait malhonnête de comparer « Une prière avant l’aube » à un sous « Midnight Express ». Même si le sujet est assez proche, le récit est transcendé par le sport qui devient un moyen de rédemption, beaucoup plus qu’un simple loisir au milieu de l’ennui de l’incarcération. Le film est en quelque sorte le récit d'un sauvetage personnel et spirituel pour un meilleur être. Les rechutes sont nombreuses. Mais le réalisateur privilégie une véritable esthétique de cinéma pour accompagner ses personnages. La photographie, d’un jaune sombre, est très belle, marquant le parti-pris de l’enfermement. Et les hommes sont sublimes, faisant basculer le film, non sans plaisir, dans un nuage de sensualité, parfois à la limite d’un érotisme assumé.