Vu sans savoir à quoi m'attendre, cette critique est pour ceux qui sauraient déjà à quoi ils ont à faire.
A prayer before dawn raconte l’emprisonnement en Thaïlande d'un jeune garçon, Billy Moore, introduit et résumé en deux points : la boxe et son addiction à la drogue.
Avec un montage énervé, tremblant, presque frénétique, caméra à l'épaule et gros plans presque furtifs, Jean-Stéphane Sauvaire démarre un film d'une violence physique et morale d'une brutalité rare.
Plus de 10 ans sépare cette oeuvre "coup de poing" de son précédent film, Johnny Mad Dog (dont je garde un très mauvais souvenir, peut-être à tord). Encore une fois, le réalisateur installe son histoire dans un environnement abrasif, presque corrosif pour l'âme humaine et décide de ne pas détourner le regard d'une réalité sauvage.
Ainsi, les images dérangeantes se succèdent dans une ambiance étouffante au milieu de cet enfer carcéral. La découverte de cet univers sans pitié nous immerge en apnée dans un malaise où une simple visite au parloir, parenthèse salvatrice, lien éphémère avec l'extérieur, représente une bouffée d'oxygène bienvenue. Et ils seront rares ces moments qu'on se surprend à chérir à mesure que notre attachement pour ce héros torturé grandi.
Car au delà du film choc, qui inscrit inévitablement dans notre esprit l'horreur physique et psychologique endurée, générant un malaise, installant une chape de plomb sur nos épaules, ce qui frappe dans A prayer before dawn, c'est la justesse avec laquelle Sauvaire réussi à donner de l'épaisseur à son personnage par l'action, sans longues tirades explicatives qui auraient pu dénaturer le caractère viscéral du film.
Et finalement, le montage haché et les tremblements incessants des débuts du film s'expliquent, reflétant l'état d'esprit chaotique, enragé de ce jeune anglais. Un état d'esprit qui évoluera de pair avec les raisons qui le poussent à monter sur le ring, la boxe destructrice se muant au milieu de cet environnement impitoyable en perche salvatrice. Sans en faire un saint, ni même un martyr, avec une rédemption à peine effleurée dans les derniers instants dans un face à face rétrospectif, Jean-Stéphane Sauvaire ne dévie jamais de ses intentions : nous ballotter dans une tempête (sans s'appuyer dès l'introduction sur un "basé sur des faits réels" facile, bien trop souvent utilisé pour combler un récit mal exploité).
A prayer before dawn frappe fort et juste, il secoue, il accule, il nous met K.O mais n'oublie pas pour autant de nous aider à nous relever par moment, faisant du film une épreuve à laquelle le spectateur se retrouve lié.