Drôle de sentiment qui fut le mien à la sortie de la projection de Maryland. Le film est un drame efficace, porté par un Mathias Schoenaerts toujours très impressionnant dans ces rôles de mecs amochés, épais et nerveux (bon attention quand même, après Bullhead et De rouille et d'os, c'est déjà le troisième rôle, à ma connaissance, similaire !). Je regrette en revanche la trop petite exploitation du rôle de Diane Kruger (mon dieu qu'elle est belle :D) qui s’apparente plus à un second rôle.
Je suis partagé entre deux interprétations autour de ce film : la première, la plus terre-à-terre, consisterait à croire à tout ce qui nous est montré à l'écran. A savoir un militaire un peu cabossé par ses missions qui se retrouve affecté à la protection de la famille d'un homme d'affaire un peu obscure sur fond de trafic d'armes et de prise illégale d'intérêt. On rajoute par dessus cela des tentatives d'enlèvements et on a presque un film d'action. Bref un scénario tout cru qui n'irait pas chercher midi à 14h en somme.
Mais il y a, selon moi, une deuxième lecture possible. A savoir que, et la réalisation centrée sur le personnage de Vincent (Mathias Schoenaerts), vient un peu appuyer cette hypothèse : on est constamment entre réalité et délire psychotiques du protagoniste principal. Le film démontre que Vincent est dans un état de détresse permanent après son retour de mission. Il se shoot avec des anxiolytiques, est sujet à de la paranoïa, à des acouphènes stridents qui viennent d'ailleurs perturber et déranger le spectateur. Niveau immersion dans la peau du personnage, on est au top. Et jusque une bonne grosse moitié du film, on ne peut pas dire si tout ce qu'on voit est dans sa tête ou simplement réel.
On commence à se poser des questions après la première tentative d'enlèvement. Juste après cet événement, on n'aperçoit pas les corps des deux assaillants que Vincent arrive à abattre froidement. La suite, au commissariat, trouble un peu plus l'intrigue, les policiers ne font pas du tout référence à l'agression et aux agresseurs, ce que ne manque pas de remarquer Vincent, et soumet la question à Jessie (Diane Kruger) qui ne lui répond pas, comme si elle ne pouvait pas comprendre de quoi il parle, puisque c'est dans sa tête, vous me suivez ^^ ?
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Ainsi toute la seconde partie du long métrage est teintée d'un doute. Tout ce que l'on voit est-il bien réel ?
A nouveau, cette fois dans la maison, lorsqu'il tue le dernier des kidnappeurs, il le supprime d'une manière un peu radicale en lui éclatant la tête à de nombreuses reprises sur une table basse en verre. Cette dernière ne se brise pas (pourtant, vu la violence des chocs...) et une fois l'assaillant exécuté, le cadrage de l'image ne laisse plus apparaître le corps, Vincent regarde sa main droite, ensanglantée et meurtrie, alors que l'on voit clairement qu'il se sert son avant bras pour asséner les coups.
La scène finale vient encore un peu plus jeter le doute. Elle laisse libre court à l'imagination et l'interprétation du spectateur.
Pour moi ce film semble donc un peu plus profond qu'il n'y paraît. Peut-être que je me fourvoie totalement dans l'interprétation que j'en ai eu. En tout cas, bilan plutôt positif pour ma part, j'ai passé un agréable moment, la réalisation est juste, l'ambiance outrageusement pesante, la musique, signée Gesaffelstein est au poil. Allez-y et faîtes vous votre avis :)