En dépit de la présence remarquablement bestiale de Matthias Schoenaerts, on ne doute plus du talent certain du comédien belge dans le domaine, Maryland, d’Alice Winocour, fait montre d’une certaine passivité, sur plusieurs plans. Oui, ce long-métrage, présenté sur la Croisette en mai dernier, manque sincèrement d’ambitions narratives, d’implication de la part d’une réalisatrice qui pense que l’on peut faire ressortir l’animalité d’un homme blessé, psychiquement, sur un écran en usant d’une certaine forme de glamour élitiste et plus ou moins niais. Schoenaerts, oui, à lui seul, sauve l’entreprise d’une noyade artistique plus ou moins certaine, de par sa puissance mutique et sa présence virile admirable. Il s’agit d’un grand acteur qui sait s’imposer lorsqu’il le faut. Pour le reste, Maryland n’est jamais captivant.
Troublé, angoissé, blessé mentalement, Vincent, de retour du front, se voit confier la sécurité de la famille d’un businessman libanais, sur la Côte d’Azur. Très vite fasciné par l’épouse de son employeur, Vincent devra pourtant faire face à une obscure menace, une conspiration violente contre la famille du domaine Maryland, son nouveau lieu de travail à plein temps. Sur le papier, certes, le film avait de la gueule, là où l’on confrontait un monstre de guerre d’un naturel touchant, frappé d’hallucinations, de vertige, à une menace armée et à l’amour, peut-être, d’une femme d’apparence forte mais finalement fragile. Oui, mais les intentions ne pourront être assimilée au résultat final, le film ne faisant, en définitive, que survoler toutes ses thématiques.
On reconnaîtra à Alice Winocour, au surplus du choix judicieux de Matthias Shoenaerts pour le rôle principal, de maîtriser sa mise en scène, celle-ci offrant quelques plans innovants, voire tout simplement beaux, cachés quelque part dans un film trop léger. Quelques élans artistiques pas trop mal venus et un acteur du tonnerre sous-exploité ne suffisent pourtant pas à faire de Maryland un indispensable, loin s’en faut. J’attends, pour ma part, la nouvelle apparition de l’acteur belge le plus charismatique du moment, en espérant que pour cette occasion, un metteur en scène saura dompter toutes ses capacités, à l’image de ce qui fût fait par Roskham sur Bullhead et Audiard sur De rouille et d’os. 09/20