Les réalisateurs ont expliqué pourquoi ils ont choisi un personnage de secrétaire pour leur nouveau film : "Nous travaillons dans une administration et à ce titre avons croisé plusieurs volantes. Nous nous sommes souvent interrogés sur qui elles étaient, d’où elles venaient, où elles repartaient ensuite. Nous voulions également traiter cette relation si particulière qui peut exister entre un directeur et sa secrétaire. Ils forment souvent un couple à part entière, passant beaucoup de temps ensemble, parfois plus qu’avec leur conjoint. On est parti de ce postulat pour dériver vers quelque chose de plus dramatique et tenter de répondre à cette question: connaissez-vous vraiment la personne avec laquelle vous travaillez ?"
L'équipe du film a eu accès à différents lieux privilégiés de la ville de Metz pour le tournage. Le mariage a pu être tourné à l'Hôtel de ville, et les scènes d'hôpital sont filmées à l'hôpital Sainte Blandine.
Christophe Ali et Nicolas Bonilauri avaient déjà réalisé ensemble deux films, Le rat en 2001 et Camping Sauvage en 2005, une histoire d’amour interdit avec Denis Lavant et Isild le Besco.
Nathalie Baye a expliqué qu’elle avait été intéressée par le personnage parce qu’il présentait l’opportunité de jouer dans un thriller : "Je n'avais jamais joué ce genre de rôle à la fois sympathique et complètement terrifiant, pour une actrice c'est un personnage formidable". En effet, ces dernières années, l’actrice apparaissait plutôt dans des comédies et parfois des drames comme Passe-passe de Tonie Marshall, De vrais mensonges de Pierre Salvadori ou Les Reines du Ring de Jean-Marc Rudnicki. "Dérouter le public en faisant commettre des actes si horribles à une comédienne avec un tel capital sympathie nous séduisait beaucoup, et elle aussi, il nous semble", s'amusent Christophe Ali et Nicolas Bonilauri.
La Volante raconte comment un mère, hantée par la mort accidentelle de son fils, s'immisce dans la vie du responsable pour se venger. Selon Malik Zidi, qui tient le premier rôle masculin, "cela ressemble à un polar, un thriller aux atmosphères hitchcockiennes. Il y a des rapports avec les films américains des années 50, assez stylisés, avec beaucoup de jeux de regards. Certains le comparent à Lynch mais personnellement, je pense toujours à Hitchcock." Les réalisateurs ont confirmé cette inspiration, en citant notamment Pas de printemps pour Marnie.
Une "volante" est un terme désuet pour désigner des secrétaires qui passent d'un poste à l'autre au sein de grandes administrations. "Ce mot, qui peut se confondre par sa sonorité avec la voleuse ou la violente, a titillé notre imaginaire. C’est un titre à double tranchant", ont précisé les réalisateurs, Christophe Ali et Nicolas Bonilauri.
Dans La Volante, le personnage de Marie-France (Nathalie Baye) tisse sa toile autour de Thomas : "Le thème de la veuve noire est éminemment cinématographique. Elle tisse en effet sa toile et resserre son emprise sur Thomas par étapes, comme lorsqu’elle s’endort dans son lit, un peu comme si la belle au bois dormant s’endormant dans le berceau devenait la fée Carabosse. On a pris plaisir à jouer avec ce côté troublant, presque sensuel", expliquent les réalisateurs. C'est également pour cette raison que le personnage garde une dimension d'irréalité, parce qu'elle correspond d'avantage à un type qu'à un personnage unique : "Marie-France n’est pas un personnage réaliste mais plutôt une figure de cinéma qu’on voulait dessiner en toute liberté. Marie-France se construit un personnage donc elle est volontairement artificielle, ce que nous avons accentué en lui faisant porter une perruque et un maquillage un peu fantomatique."
Lorsque le personnage de Marie-France est au volant de sa voiture, le plan utilisé est inspiré de celui de Hitchcock dans Psychose, pour le moment où Janet Leight s'enfuit avec l'argent de son employeur.
Les cinéastes ont affirmé que le film était en partie construit sur des ellipses, c'est à dire l'insinuation que des choses se sont passées, mais que l'on ne voit pas à l'écran. Par exemple, La Volante s'ouvre sur l'accident de voiture qui tue le fils de la secrétaire, mais nous retrouvons cette dernière neuf ans plus tard, sans savoir ce qu'il est arrivé entre temps. L'idée était de cacher le but ultime de Marie-France, et de le dévoiler plus tard dans l'intrigue.
La première scène de Pas de printemps pour Marnie est un plan d'une femme de dos, marchant sur un quai de gare avec son sac. Cela a incité les réalisateurs à tourner de la même manière que dans cette scène, c'est-à-dire de réaliser des mouvements de caméra en machinerie, et non pas caméra à l'épaule. "Nous cherchions des mouvements aussi invisibles que peut chercher à l’être Marie-France, soulignent les réalisateurs, l’idée maîtresse de la tonalité de la mise en scène, c’était une forme de froideur qui refléterait le tempérament de Marie-France. D’ailleurs pour l’aspect plus émotionnel, notre référence était plutôt Monsieur Hire de Patrice Leconte avec ce personnage solitaire, marqué par une blessure intérieure qui vit sa vie en regardant à distance celle des autres", expliquent-ils.
Les réalisateurs nous en disent plus par rapport au rôle de la musique dans La Volante : "Pour accompagner l’évolution du drame vers le thriller psychologique à l’ambiance vénéneuse puis au pur film de genre, nous voulions une musique toute en retenue dans sa première moitié puis plus ample avec la dangerosité grandissante du personnage. Dès l’écriture, nous avons envisagé une composition principalement classique et élégante à l’image de Marie-France, qui épouserait ses contours psychiques sans dévoiler son plan machiavélique ni révéler au spectateur trop rapidement la progression de l’histoire."
Avec La Volante, Christophe Ali et Nicolas Bonilauri reprennent certains éléments de leurs films précédents : par exemple, ce nouveau long-métrage est un contrechamp de leur première collaboration, Le Rat, où un homme est à la recherche de sa mère. Là, Marie-France est à la recherche de son fils. "Mais nous voulions aussi être plus ouverts et accessibles au grand public avec ce film à l’équilibre entre le drame psychologique et le film noir, avec une approche plus réaliste que d’habitude dans notre parcours même si l’histoire ne l’est pas réellement dans son traitement", ajoutent-ils.
L'acteur Malik Zidi a partagé ses impressions sur les décors de La Volante : "La première fois que je suis rentré dans l’appartement de Thomas, je me suis dit qu’il avait de drôles de goûts. Son papier peint est particulier quand même ! Le décor me rappelait Fassbinder et Gouttes d’eau sur Pierres brûlantes de François Ozon dans lequel j’ai joué mais surtout le Shining de Kubrick. Ce décor aide pour la caractérisation et saisir la noirceur des sentiments. Il existe une vraie opposition entre les intérieurs de son appartement qui ressasse son passé et sa vie de bureau, plus moderne où tout est blanc et froid."