Le cinéma est comme la vie : il offre parfois des rencontres improbables et belles, qu'il faut savoir saisir au vol pour ne pas les rater. Maxine, dite Max, une jeune Congolaise, surprend Lenny rapper en solitaire, une adolescente d'origine algérienne, sauvage et solitaire, d'une cité des quartiers nord de Marseille. Max n'a pas de papiers, Lenny pas d'avenir : elles sont faites pour s'entendre. C'est une histoire de filles, une histoire tendre et cruelle, ancrée dans la dureté de leurs vies de jeunes urbaines livrées à elles-mêmes. C'est une histoire d'amitié, "la richesse des pauvres" comme le dit François Bégaudeau (le prof d'Entre les murs), qui a coécrit le scénario avec Fred Nicolas. Max et Lenny se mêlent et s'entraînent, se complètent et s'affrontent. Lenny fait décoller Max de son quotidien, et Max pousse Lenny à renouer avec la société. Dès lors, Lenny peut mettre d'elle-même dans ses textes, ouvrir sa puissance musicale, s'épanouir enfin.
Le film suit leur rythme, les écoute et les trace, respecte leurs hésitations et leurs silences. Il est à la mesure de leur duo de battantes. Nous partageons leur énergie, leur drame aussi, l'enfant de Lenny, le destin de Max… La caméra les suit de près, capte les tensions. On sent l'improvisation des réactions, style Pialat ou Cassavetes. Elle donne du souffle à leur voyage, car leur tentative de s'en sortir est un essai de sortie de leurs assignations : la violence, la drogue, la zone…
Au final, la force du verbe de Lenny (la rappeuse Camélia Pand'or, qui a enregistré deux albums) pour transcender le réel, la poésie comme arme pour continuer malgré l'épreuve. Ne ratez pas Max et Lenny, elles vous accompagneront un bon bout de chemin.