Du coté de Boulogne-sur-Mer, au son des cloches des vaches, du vent voguant au dessus des champs et des vagues de la Manche, P'tit Quinquin ou Alane Lebleu (Alane Delhaye),aire dans les rues de son petit village en compagnie de ses amis. Un jour, la gendarmerie fait la découverte macabre d'une femme démembrée, retrouvée dans le ventre de la vache…
C'est dans ce polar burlesque au cœur de la campagne française que Bruno Dumont développe sa série ( présenté à Cannes et vu par beaucoup comme un seul film d'ailleurs ). Dans son ton humoristique parfaitement maîtrisé et sa gestion de la caricature du rural, *P'tit Quinquin* s'avoue véritablement réussi et drôlement original !
Son intérêt réside en partie dans l'utilisation de plusieurs personnages au sein du récit. Au-delà de P'tit Quinquin et ses amis sur leurs vélo, et de la multitude de petits personnages qui'ils soient agriculteurs, enfants, ou simples habitants du village, c'est un duo de gendarmes qui devient viral pour le scénario de Dumont. Le commandant Van der Weyden (Bernard Pruvost) et le lieutenant Rudy Carpentier (Philippe Jore), au volant de leurs voiture de la gendarmerie, tente de percer les mystères de ces nombreux crimes qui s'accumulent au sein de la paisible campagne.
Bruno Dumont avoue rapidement ne pas s’intéresser aux crimes eux-mêmes, mais simplement aux agissements de ces personnages face à ces horribles actes. Comment les gendarmes de ce coin si tranquille, peuvent réagir face à cela ? C'est là qu'on quitte la simple série policière, et qu'on rentre dans l'humoristique !
Toujours dans cet aspect plutôt lent et contemplatif, coloré par le burlesque des personnages, P'tit Quinquin et ses amis assistent incrédule aux crimes qui s’enchaînent de plus en plus violemment. Le duo de gendarmes, à qui cela n'est jamais arrivés dans la vie, se donne des airs de gestion de la situation mais tourne rapidement en rond, n’avançant en rien dans l'affaire. Mais là où on pourrait croire que Dumont nous laisse vaquer pendant 4 épisodes dans l'ennui totale, il s’avère que c'est complètement l'inverse : plus les événements deviennent graves et complètement hors de portés des protagonistes, plus le récit devient intéressant !
Sa réussite dans ce cercle vicieux, dans lequel les gendarmes ne peuvent sortir, réside dans un tout. Ce tout, c'est le burlesque, les personnages si bien écrit, mais surtout la peinture caricaturales réalisé parfaitement bien par Bruno Dumont. Au-delà de la langue et l'accent du nord, c'est quelques-peu la vision de la société moderne et l'isolement qui touche le rural qui intéresse ici le cinéaste. L'image de P'tit Quinquin découvrant encore des grenades dans les bunkers, la question migratoire et celle de la radicalisation, s’avère très bien traité.
Une conclusion magnifiquement bien écrite d'ailleurs. Dans cet attachement grandissant pour les personnages, le récit prend véritablement l'aspect tragique ( sans perdre non-plus son humour ). Le suicide d'un jeune persécuté par P'tit Quinquin et ses amis pour cause racial et la mort de Aurélie Terrier (Lisa Hartmann), touchent le spectateur et les personnages. Mais son émotion se transmet surtout principalement dans cette finalité très *Memories of Murder* ! Dans une toute première utilisation musical, les gendarmes et P'tit Quinquin contemple le calme et la beauté de la campagne. Ils le savent, résoudre cette affaire relève de l'impossible. Que peuvent-ils se dire ? : Comment peut-on agir ainsi, dans cet espace si tranquille ? Ou tout simplement : Quelle est belle la campagne française !