Elle est l'adaptation de "Oh..." de l'écrivain français Philippe Djian, qui avait séduit lors de sa parution en 2012 et notamment reçu le prix Interallié la même année. Cinq de ses romans (dont 37°2 le matin) ont déjà été adaptés sur grand écran.
Le dernier film de Paul Verhoeven à être sorti en salles était Black Book, qui remonte à 2006, avec Carice van Houten et Sebastian Koch.
Intialement prévue pour le 21 septembre 2016, la sortie du film a finalement été avancée au mois de mai.
Elle a fait partie des films sélectionnés à la Compétition du Festival de Cannes 2016. Paul Verhoeven a ainsi fait son retour sur la Croisette 24 ans après Basic Instinct.
Il s'agit du premier film de Paul Verhoeven à être tourné en langue française, avec des acteurs principalement français. En outre, le réalisateur a choisi d'apprendre la langue de Molière afin de pouvoir communiquer comme il le souhaitait avec les équipes du film ; il a suivi des cours huit heures par jour pendant une semaine afin de retrouver le niveau de ses dix-sept ans, quand il parlait alors couramment.
Paul Verhoeven travaillait à l'origine sur l'adaptation d'une série néerlandaise très populaire datant des années 1970, avant de devoir abandonner le projet faute de financement. Si le projet est en pause, il n'est toutefois pas complètement mis de côté par le producteur San Fu Maltha, qui espère toujours mettre en boîte le film avec Verhoeven derrière la caméra.
Pour Elle, Paul Verhoeven n'a pas travaillé avec son équipe habituelle hormis son assistante personnelle Mita de Groot. Cette mise en danger, doublée de la barrière de la langue, a été une grande source d'inquiétude pour le réalisateur, qui s'est finalement dissipée au moment du tournage.
Le tournage du film a débuté en janvier 2015. En raison des attentats de Paris, une scène devant être tournée dans un commissariat a dû être supprimée. Il s'est étendu sur 3 mois, soit douze semaines particulièrement intenses selon Isabelle Huppert et Paul Verhoeven.
Avant de se tourner vers la France, Paul Verhoeven souhaitait réaliser son film aux États-Unis, entre Boston et Chicago. Il a finalement dû renoncer, devant faire face à de trop nombreuses contraintes. "C’était compliqué, d’un point de vue financier, et aussi artistique : on s’est rendus compte qu’aucune actrice américaine n’accepterait de jouer dans un film aussi amoral. Même celles que je connaissais bien, il leur était impossible de dire oui à un tel rôle. Alors qu’Isabelle Huppert, que j’avais rencontrée au tout début du projet, elle était très partante pour faire le film", se souvient le cinéaste. "Au bout de six mois, Saïd m’a donc dit : « Pourquoi se bat-on pour faire ce film aux États-Unis ? C’est un livre français, Isabelle Huppert a très envie de jouer le rôle. On est stupides ! » Il avait raison. Rétrospectivement j’ai réalisé que jamais je n’aurais pu faire ce film aux États-Unis avec la même authenticité". Les deux se sont donc davantage tournés vers le livre original.
Si le personnage de Virginie Efira devait être à l'origine plus transparent, Paul Verhoeven en a décidé autrement. "À la base, on avait imaginé cette femme un peu effacée, peu épanouie mais cela rendait trop compréhensible que Patrick ait envie d’avoir une histoire avec Michèle. C’était mieux qu’elle soit belle, adulte. Et Virginie fait ça très bien – même si son sex-appeal est moins utilisé ici que dans d’autres films", raconte-t-il. La scène finale avec l'actrice n'apparaît pas dans le roman et a été écrite pour le film.
Dans le film, Michèle (Isabelle Huppert) travaille dans l'univers du jeu vidéo. Un choix propre à l'adaptation, puisque le livre situait son action dans le milieu du cinéma. "Dans le livre, Michèle et Anna travaillaient dans l’écriture de scénarios mais cette activité me semblait un peu ennuyeuse à filmer, pas visuelle du tout !", confie Paul Verhoeven. "J’étais à Los Angeles dans ma famille, je me demandais ce que j’allais bien pouvoir faire de ça et ma fille qui est peintre m’a dit : « Et si tu situais les personnages dans le domaine du jeu vidéo ? »".
Le personnage de la petite-amie du fils, joué par Alice Isaaz, était dans le scénario américain une jeune femme russe ou ukrainienne. Lorsque l'idée a été abandonnée, le scénario a dû subir un travail de réécriture assez important.
Paul Verhoeven a tourné Elle avec deux caméras, une méthode particulièrement rare en France. Le réalisateur souhaitait retravailler avec les deux chefs-opérateurs de Tricked, amis devait composer avec une équipe 100% française pour obtenir un financement.
Un important travail de montage a été effectué, notamment sur les scènes qui suivent la révélation de l'identité du violeur. Le rythme devait en effet rester soutenu pour maintenir l'intérêt du spectateur. Le film est ainsi passé de 2h30 à 2h02.