J’ai regardé ce Frankenstein avant tout pour Bernard Rose, réalisateur dont j’espère toujours qu’il retrouve la magie de ses débuts qui l’avait fait réaliser quelques-uns des chefs-d’œuvre du cinéma de genre. Ce n’est pas foncièrement avec ce Frankenstein qu’il va retenir outre mesure l’attention, mais force est de constater qu’il reprend des couleurs.
C’est certain que cette version ne marque pas tellement sur la forme. Très épuré, on sent certes un parti-pris esthétique mais aussi un manque de moyen flagrant. Décors restreints, photographie pas terrible, Frankenstein bénéficie heureusement d’un Rose en forme, qui propose un travail solide. Il saisit à la fois la dureté qui frappe son héros, et il apporte une petite touche de poésie lors de certaines scènes, parvenant, parfois, en quelques plans, à offrir de vrais moments de grâce (les échanges avec Mckenna Grace). On sent qu’il veut faire quelque chose de fouillé, et s’il reste en retrait par rapport à ses films les plus mémorables, il n’a rien de honteux ici.
Le film séduit par ses choix scénaristiques. Ok, la narration reste faible, et le film est court (1 heure 25) pour un tel sujet. Sans doute un problème de finance ! Reste que ce Frankenstein est sûrement un des plus originaux ! L’approche est indéniablement moderne, très sérieuse, elle absorbe beaucoup de thèmes bien vus, reste en même temps fidèle à l’histoire originale, et elle donne un vrai relief à une créature qui reste souvent traité avec trop de superficialité. C’est bien vu et efficace. On aurait aimé un traitement plus fin, avec plus de fluidité narrative car, il faut être honnête, la durée courte du film fait qu’on se retrouve davantage devant des épisodes de la vie du monstre. C’est du coup assez haché, mais cela n’enlève rien à l’intérêt du film, Bernard Rose retrouvant, enfin, un sens de l’originalité, à défaut de retrouver toutes ses capacités de conteurs !
Coté casting c’est plutôt attractif ! Les vétérans Carrie-Anne Moss, Danny Huston, Tony Todd, les deux derniers devenant des habitués du réalisateur, les petits jeunes comme Xavier Samuel et l’enfant star qui monte Mckenna Grace (et je comprends, elle a un charisme de ouf !), c’est un bon mélange, et ça fonctionne. Samuel s’éloigne de ses airs beau gosse pour endosser un rôle complexe, et il séduit, c’est certain, avec une prestation sobre et rondement conduite. Moss et Huston sont plus là en guest, mais ce sont des acteurs rodés, comme Todd, toujours très corrects en rôles d’appoints.
A noter que cette version de Frankenstein reste violente, et que la bande son est assez classique, mais pas désagréable. Un thème plus marquant (ah, ce ressouvenir de Paperhouse et de Candyman !), aurait été le bienvenu !
Finalement ce Frankenstein aurait pu être lé déchéance ultime d’un réalisateur qui se cherche franchement depuis trop longtemps ! On pouvait craindre le pire, genre le vieux truc ressassé maint fois qui tombe à plat avec quelques effets gores racoleurs, ou des effets craignos à la Dracula 3d. Finalement Rose retrouve des couleurs, avec une variation intéressante sur le mythe, bien aidé par des acteurs investis. C’est un film méritant, qui aurait pu être plus attractif avec un budget un peu plus lourd, car les décors restent tout de même assez moches et téléfilmiques !