C'est la 3ème fois que le cinéaste allemand Florian Gallenberger dirige le comédien Daniel Brühl après Honolulu en 2001 et John Rabe en 2008.
La Colonia Dignidad est une colonie agricole sectaire fondée en 1961 au Chili par des allemands dont Paul Schäfer, un ancien Nazi pédophile qui abusait sexuellement des enfants de la colonie. Cette entité venait en aide à la dictature du Général Pinochet en y enfermant et torturant des opposants politiques. La colonie sévira jusqu'à la fin de la dictature en 1991. Quant à Paul Schäfer, il parviendra à échapper à la justice jusqu'à son arrestation en 2005 en Argentine : "Le phénomène unique de la Colonia Dignidad - l’infâme secte allemande de Paul Schäfer au Chili - n’a cessé de m’intéresser depuis que j’en ai entendu parler il y a 30 ans. Très vite, j’ai ressenti une certaine fureur et une colère sur l’injustice faite à ces personnes innocentes qui étaient gardées captives dans la Colonie à leur insu. Aujourd’hui encore, j’ai toujours cette forte volonté de révéler au grand jour les incroyables injustices qui furent trop longtemps cachées par les Allemands aux autorités chiliennes", explique Florian Gallenberger.
On sait Emma Watson très engagée pour le droit des femmes et le féminisme. La jeune actrice a notamment accepté de tourner dans Colonia car son personnage venait au secours de son mari et mettait en scène une femme forte et déterminée. Contrairement à de nombreuses autres histoires où l'homme vient en aide à la fille en détresse, Colonia propose un schéma inverse qui a beaucoup plu à l'interprète de la célèbre Hermione Granger dans la saga Harry Potter.
Pour réaliser Colonia, Florian Gallenberger n'a pas hésité à se plonger corps et âme dans l'histoire horrible derrière cette secte : "J’ai vu les souterrains, les endroits où les prisonniers politiques étaient torturés, j’ai été là où leur corps ont été brûlés à la hâte. Je me suis rendu dans les cabines de douches secrètes de Paul Schäfer, là où la chorale devait chanter pendant qu’il faisait subir des sévices sexuels aux jeunes garçons. J’ai marché dans les couloirs tristement célèbres de l’hôpital, me suis assis dans le bunker de Schäfer, ai tenu son fusil et regardé les informations sur sa télévision. J’ai parlé aux victimes qui ont été torturées - des membres de la secte aussi bien que des prisonniers politiques. J’ai écouté ce qu’ils ont vécu, comment Schäfer détruisait psychologiquement ses disciples. J’ai regardé de vieux hommes pleurer de ce qu’ils avaient fait à leurs propres enfants", confie le cinéaste. "Cette situation scandaleuse s’est déroulée sur quasiment 40 ans et personne n’a voulu ou été capable d’arrêter Schäfer. Pourquoi ? Il n’y a pas de réponse simple à cela. La vérité réside d’une part dans la psychologie de Schäfer et de ses victimes, et d’autre part dans l’utilisation et le mécanisme de la peur qui furent très intelligemment utilisés par Schäfer. J’ai souhaité montrer ce système d’oppression, pas en l’expliquant ou en essayant de faire retirer une leçon aux spectateurs, mais plus en les emmenant dans le monde de Paul Schäfer, dans la Colonia Dignidad, et en les laissant ressentir la peur et la cruauté de ce système. C’est ainsi que la véritable morale de l’histoire ressortira", affirme le réalisateur.
Colonia a été tourné dans quatre pays différents, au Chili, en Argentine, au Luxembourg et en Allemagne.