Avis sur Belfast, Maine

Second volet de son triptyque sur les portraits communautaires, après Aspen (1991) et avant de conclure avec In Jackson Heights (2016), Frederick Wiseman s’intéressait ici à la ville de Belfast (à ne pas confondre avec la capitale de l’Irlande), dans le comté de Waldo, situé dans le Maine, aux États-Unis.

Le documentariste nous convie à un voyage passionnant, au cœur d’une belle & vieille ville portuaire de la Nouvelle-Angleterre ou durant un peu plus de 4h, il nous fait découvrir le quotidien des résidents. Leur travail, leur vie personnelle & leur vie culturelle n’ont plus de secret pour nous, on se retrouve complètement immergé au sein de cette communauté.

Comme il le fera quelques années plus tard dans Monrovia, Indiana (2018), Wiseman trimballe sa caméra un peu partout dans la ville et y capte des instants de vie, aussi bien chez les commerçants que chez les habitants. C’est réellement une immersion qui nous est proposé ici. Le pressing, le médecin à domicile, la laverie, le boulanger, l’animalerie, le confiseur, l'ehpad, la soupe populaire, le conseil municipal, l’église congrégationaliste, le tribunal, le pédiatre, le supermarché du coin, le taxidermiste, en passant par le musée d’animaux empaillés (totalement creepy et où sont mélangés sans la moindre cohérence phoque, girafe, ours & Puma), sans oublier le travail à la chaîne dans différentes usines.

Wiseman s’intéresse aussi au secteur culturel avec la chorale, le cinéma ("The Colonial Theatre"), on assiste même à la répétition d’un cours de théâtre. Belfast étant une ville portuaire, il était impossible de faire l’impasse sur la filière qui gravite tout autour, entre les dockers, les pêcheurs et les usines qui retravaillent le poisson (sardines & saumons fumés). C’est une ville qui fourmille et qui en même temps, donne l’impression de s’enliser dans l’Amérique profonde, celle d’un autre temps, d’une époque révolue.

Un portrait de la vie quotidienne qui, malgré une durée qui peut paraître excessive, n’en reste pas moins passionnante (les échanges y sont très intéressants, parfois très personnels).

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