Love. Gaspar Noé, l'ovni du cinéma aime se démarquer en provoquant, c'est un fait qui n'est plus à démontrer. Et c'est tout à son honneur quand il nous produit des films comme Irreversible ou Enter the void. C'est donc confient que je suis allé voir Love, et quelle ne fut pas ma surprise devant ce crash dévastateur! Interdit aux moins de 16 ans à sa sortie, le film a été classé pornographique et interdit aux moins de 18 ans trois semaines plus tard suite au recours déposé par l'association "bien pensante" Promouvoir. Je ne suis pas ici pour entrer dans la polémique, sur allociné nous parlons cinéma, donc parlons du film... Par où commencer? Le film nous dépeint, en plein Paris, une histoire d'amour entre deux jeunes actifs américains (Murphy et Electra) plusieurs mois après leur rupture, alors que Murphy vient d'apprendre la disparition d'Electra par un coup de fil matinal. Ce dernier se remémore, dans un ordre aléatoire les différentes étapes de leur vie de couple. Le tout alterne entre diverses scènes de leur vie courante et les fameuses scènes de sexe qui ont alimenté la politique. On y voit le couple se laisser aller très activement dans la drogue et diverses pratiques sexuelles peu communes, chacun se laisse aller sans le moindre tabou et une insouciance débridée, le respect de soi et de l'autre se perdent; le tout les mènera à leur perte. Gaspar Noé nourrit le tout d'une réflexion de fond sur l'amour, nos capacité à véritablement aimer de nos jours et sur les mauvais choix (souvent destructeurs) que nous pouvons faire lorsque nous avons trouvé la bonne personne. Thématique profonde intéressante et message global bienfaiteur sont au final les seuls bons points du film, hormis quelques plans jolis et une esthétique un peu travaillée tout le reste tombe à l'eau. L'histoire est lente et ennuyeuse, on nous présente (hors scènes de sexe) un couple dans une vie de tous les jours banale et une romance sans intérêt. La vie de ce couple est digne de tous les mauvais scénarii romantiquo-dépressifs que le cinéma français nous sert en pagaille. Des discussions vides et qui tournent en rond rythmées par quelques désaccords et engueulades occupent 1h30 de l'oeuvre finale. Pour ce qui est du reste, toutes les scènes de sexe sont ratées. Elles oscillent entre le vulgaire volontaire pour la polémique (et oui le -18 est justifié) et la longueur gênante accentuée par un plan fixe quasi permanent, qui n'a pour autre effet que de leur donner un aspect affreusement mal filmées. Le film démarre d'ailleurs très fort, sur une scène où l'on observe une masturbation dans son intégralité dans un plan fixe interminable. Le ton est donné. Et pour clouer le tout, l'intégralité de ces scènes n'apporte absolument rien à l'histoire. Au final le film en entier donne l'impression d'un mauvais montage d'une série de courts métrages empruntés pour la moitié à une après-midi romance pour la jeune ménagère sur France 2, et pour l'autre moitié à une soirée solitaire pour jeune ado un samedi soir sur Canal ... Le tout en 3D s'il vous plaît... Le fait que les scènes de leur vie nous soient présentées dans le désordre coule d'avantage, en effet on connait les aboutissements et les événements majeurs de leur histoire avant de revenir en arrière. Cette découpe qui était justifiée par la narration dans irréversible, ne trouve pas sa place ici, puisqu'elle nous livre directement les messages et les enjeux et rend les trois quarts du film terriblement ennuyeux. Je ferai l'impasse sur les prestations des acteurs qui ne font qu'accentuer l'effet mauvais film porno. Enfin, Love se targue d'une séance d'auto-congratulation de la part du réalisateur, puisque le personnage principal est un jeune réalisateur qui veut bouger les choses avec des films novateurs qui ont pour points communs la violence et le sexe en point d'honneur, et on retrouve parmi les protagonistes secondaires un Gaspar et un Noé... Bref, je me range du côté des critiques, Love est un échec total, une masturbation cérébrale (sans mauvais jeu de mots) qui plaira sans doute aux hautes sphères bien pensante qui passeront outre cet étron artistique pour encenser son penchant anticonformiste, une façon de penser propre à l'art contemporain et qui me dépasse... Malgré tout n'oubliez pas: Allez dans les salles obscures, et vive le cinéma!