Bon, bon, bon, Gaspard Noé, un cas particulier du cinéma ! Franchement, Love ne m’enthousiasmait pas plus que cela, ça sentait le produit porno luxueux pour bobo de la Croisette, le genre de machin bâtard qui n’a guère d’intérêt. Finalement, et en dépit de ses lacunes certaines, Love n’est pas une calamité.
C’est sûr, le point noir majeur de Love c’est son histoire. C’est très très long pour pas grand-chose ! Fallait-il que ça dure plus de 2 heures ? Alors que l’histoire est ce qu’il y a probablement de plus quelconque et de plus classique qui soit. Ok, Noé amène à ce classique de l’intrigue amoureuse du porno et du trash, mais cela suffit-il à vraiment fondamentalement changer l’impression de fadeur et de déjà-vu ? Encore une fois, je crois que ça ne change pas de d’habitude, Noé privilégie l’exercice de style, s’emparant vaguement d’une intrigue pour amener son univers violent et érotique, et s’amuser avec l’image, mais quand ça dure plus de 2 heures, s’il n’y a rien pour soutenir tout ça, ça peut vite devenir barbant à souhait ! D’autant qu’il complexifie sa narration, comme de coutume, ce qui donne un récit saccadé, plutôt clair, mais pas fluide pour autant ! Et puis bon, au-delà de cela il y a des répétitivités.
Après, formellement il y a des bonnes choses. L’image est travaillée, avec une photographie fouillée qui rappelle l’univers habituelle de Gaspard Noé, une ambiance bien particulière, à la fois sombre, torride, et étrangement parfois volontiers chaleureuse ! Love est un film élégant, avec des scènes érotiques très explicites qui sont néanmoins filmées avec un talent manifeste, qui ne sont pas non plus trop longues comme dans le porno contemporain et qui évitent donc l’ennui. C’est visuellement très convaincant, avec une mise en scène qui, à l’inverse d’Irréversible par exemple évite la surenchère d’effets visuels inutiles et agaçants. C’est du Noé « apaisé » pour ainsi dire, et cela donne un résultat beaucoup plus « mature » que de coutume. Même si depuis Irréversible, Noé avait fait du chemin !
Le casting est bon lui aussi. J’ai lu que les prestations avaient été l’objet de critiques, je ne serai pas de ceux-là. Ok, il y a quelques moments de surjeu, mais je dirai que le souci ne vient pas des acteurs mais des personnages qui auraient mérité une écriture plus subtile pour compenser l’histoire qui s’avère tout à fait classique. Néanmoins Karl Glusman, Aomi Muyock et Kara Kristin dans une moindre mesure livrent de vrais bons numéros d’acteurs, et ils sont en plus vivement mis à contribution, et je ne parle pas forcément des scènes hard. Love est en effet un film graphique, mais c’est aussi un film d’acteurs, vu qu’ils sont quasiment de toutes les scènes. Autant dire que si c’est foireux, le film en pâti du début à la fin. Il y a donc quelques passages surjoués (mais c’est typique du cinéma de Noé), mais les prestations sont quand même d’un niveau plus qu’acceptable, surtout pour des acteurs débutants.
A noter enfin, à l’appui de ce métrage, la bande son, très soignée, et d’une variété plus qu’appréciable.
En conclusion, Love est un film que j’ai trouvé moyen, mais pas mauvais. Clairement le souci c’est le déroulé outrageusement classique de l’histoire qui est pratiquement un archétype cinématographique depuis le début du XXe siècle ! Noé surrimpose son style, mais cela ne suffit pas à faire oublier le fond. Classicisme qui se répercute aussi dans les personnages, artistes junkies déboussolés qui ne surprendront pas, sauf peut-être grâce à l’interprétation solide. Franchement, sans ses longueurs intempestives, ce propos tout à fait basique, Love serait un grand film du genre, là, si l’on retire les scènes hard et qu’on adoucit l’esthétique, on tient un drame romantique sans grand relief. 2.5