Cristián Jimenez a commencé à réfléchir à Voix off alors qu'il terminait Ilusiones Opticas, son premier film qui avait beaucoup à voir avec l’idée de perception. Le metteur en scène confie avoir voulu faire un long métrage davantage lié au son cette fois-ci. Il explique : "Chez moi au Chili, il y a une tradition littéraire très forte, mais celle de l’oralité l’est encore plus. Pourtant je viens du sud du pays où les gens sont assez réservés, ne sont pas très à l’aise avec la parole comme vecteur d’émotions. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire avec ce paradoxe. Le titre est du coup la première chose qui est venue, c’est à partir de lui que je me suis demandé ce que pourrait être un film avec ce titre-là."
Au cinéma, le "off" du titre veut dire que l'on ne peut pas voir la source de la voix. Ce côté hors-cadre peut contenir différentes couches qui ont intéressé Cristián Jimenez, notamment dans ce qu'elles pouvaient renseigner au sein d'une structure familiale. "Cette notion de « off » était aussi une manière de révéler la différence entre la vie qui s’écoule et l’expérience personnelle des gens, la manière dont la parole, le dialogue et la réalité des choses semblent parfois ne pas être connectés", poursuit le cinéaste.
Ingrid Isensee, qui joue l'une des deux soeurs, est une amie de l'ex-femme de Cristián Jimenez. Pour le casting des deux soeurs, le réalisateur voulait des comédiennes faisant douter au spectateur qu'il s'agit de soeurs à l'écran. En ce qui concerne les parents, il a cherché des acteurs trop jeunes pour représenter cette idée que ces personnages se sont en mis en couple alors qu’ils avaient 18 ou 19 ans, et ainsi "s’apercevoir que quand ils se séparent ils n’ont jamais eu le temps de connaître les codes et les usages des adultes dans cette situation."
Pour élaborer son intrigue, Cristián Jimenez a commencé par réfléchir à des situations sans vraiment se préoccuper des liens entre les personnages. A partir de ces dernières, il a fait des recherches avec un anthropologue (il est lui-même sociologue de formation). A bout d'un moment, le metteur en scène a accumulé assez d'éléments pour que l'histoire du film prenne forme. Il l'a plus tard écrit au moment où il travaillait sur Bonsái.
Au niveau des films de famille, Cristián Jimenez avoue avoir beaucoup plus d'affinités avec des longs métrages comme Yi Yi d’Edward Yang ou Salé, sucré d’Ang Lee plutôt qu'avec le culte Festen qu'il ne trouve pas réaliste.
Le film se déroule dans la ville chilienne de Valdivia où il pleut souvent et où les gens ne sont pas très à l'aise avec l'expression des sentiments selon Cristián Jimenez. C'est aussi la ville où le cinéaste a grandi : "Voix off se passe presque intégralement dans le quartier où j’ai grandi. Je connais très bien cet endroit. La famille du film, c’est la mienne, celle de mes amis, de mes voisins. Voix off est comme une lettre envoyée à Valdivia. Dans le quartier où se passe le film, toutes les maisons ont la même architecture intérieure, les mêmes boiseries. Après la projection au festival, combien de gens sont venus me voir en me disant « mais c’est chez moi ! ». Voix off a forcément une dimension psychanalytique pour moi…"