Ady Gasy est né de l'envie du réalisateur de montrer aux autorités que catégoriser la population malgache dans la pauvreté ou la richesse n'est pas la réalité. Il explique : "Les hommes politiques de mon pays et surtout les experts économistes internationaux jugent si tu es pauvre ou si tu es riche en fonction d’un seuil arbitraire, et je tenais à leur dire que les choses sont plus compliquées au quotidien parce qu’on ne peut pas tout mesurer, et notamment la solidarité entre les gens. (...) À force de répéter aux Malgaches qu’ils sont pauvres, avec des chiffres à l’appui et des classements mondiaux, ils finissent par accepter cette idée de pauvreté et d’infériorité, et là ça me semble plus dangereux que la pauvreté matérielle…"
Il a été facile pour Lova Nantenaina de trouver les "débrouillards" de son film. En effet, les habitants, qui vivent tous de petits travaux ici et là, ont tout de suite été enthousiastes à l'idée de participer au documentaire. Etre valorisé était une étape forte dans leur vie.
Dès 2010, alors que l'écriture du projet n'était pas encore aboutie, Lova Nantenaina a commencé à collaborer avec l'artiste local Jao sur la musique du film, comme le veut la tradition.
Afin de construire son film, Lova Nantenaina a tenu à suivre les traditions malgaches. Il explique : "J’ai cherché à construire le film comme on construit un kabary, l’art oratoire traditionnel malgache. Créer un kabary consiste à observer le quotidien afin d’énoncer, sous forme de proverbes, des vérités fondées sur l’expérience. Ces proverbes sont le socle de l’argumentation, ils conduisent à l’exposé d’un point de vue à partager."
Le film tire son nom de l'expression malgache "ady gasy", qui regroupe des pratiques culturelles, médicinales et culturales de Madagascar. Comme l'explique Jean-Pierre Randriamampandry : "L’expression ady gasy a pu recouvrir divers sens, suivant les époques et les circonstances. Généralement, elle renvoie aux valeurs – pratiques, morales, esthétiques, philosophiques – spécifiquement malgaches."
Pour son premier long-métrage, Lova Nantenaina met en scène la pauvreté telle qu'il l'a vécue durant son enfance, avant de partir faire des études à Toulouse.
Ady Gasy a reçu le Prix Fé nèt ocean indien au Festival international du film d'Afrique et des îles et le Grand prix Eden documentaire à Lumières d’Afrique et 5 autres récompenses.