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Guillaume p
32 abonnés
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4,0
Publiée le 6 mars 2018
Un excellent film contant l'errance d'un soldat philippin pendant le retrait des troupes japonaise en 1945. Ce film nihiliste, violent et sans espoir est un petit uppercut. Malgré un budget semble -t-il limité, le réalisateur est parvenu à retranscrire des scènes d'horreurs poignantes sur fond de folie ambiante.
Roman très célèbre au Japon, au sens où il fut l’un des premiers à traiter de la Seconde guerre mondiale vue du camp japonais sans pudeur ni gloriole revancharde, ‘Fires on the plain’ avait déjà été adapté par Kon Ichikawa en 1959 et nécessairement édulcoré par rapport à l’écrit, bien que les critiques de l’époque aient déjà dénoncé ce qu’ils perçurent alors comme une violence et un nihilisme complaisant. Cette violence nihiliste, que d’aucun considèreraient comme un vibrant plaidoyer anti-militariste et une dénonciation de l’obscénité de la guerre, constitue pourtant le coeur même de ‘Fires on the plain’, qui décrit des soldats japonais en pleine déroute, malades et affamés, qui tournent en rond comme des âmes-en-peine dans la jungle des Philippines : mitraillés et éliminés les uns après les autres par un ennemi américain qu’on verra à peine, les fantassins s’abandonnent peu à peu à la folie et au cannibalisme pour survivre. Il y avait du sens à ce que ce remake soit confié à Shinya Tsukamoto, créateur du culte et viscéral ‘Tetsuo’, et réputé comme l’un de ces cinéastes radicaux et provocateurs que le Japon produit avec une belle régularité. Filmé selon une technologie numérique qui ne rechigne pas au shaky-cam et aux mouvements désordonnés, généreux en couleurs saturées et en lumière aveuglante, le résultat se veut proche du reportage de guerre et désireux de faire partager au plus près l’horreur et la déchéance physique et morale des troupes de l’empire du Soleil levant. Si Tsukamoto succombe à l’excès de loin en loin (torrents d’hémoglobine, blessures répugnantes et infectées complaisamment filmées de long en large), il atteint dans l’ensemble un équilibre honorable dans sa description des horreurs de la guerre, malgré nombre de tics strictement “genresques�...mais son approche sensorielle, hyper violente et erratique aura sans doute du mal à convaincre ceux qui aiment les démonstrations plus cartésiennes et organisées.