Red Amnesia est le quatorzième film de Wang Xiaoshuai, actif depuis le début des années 1990. Habitué aux festivals internationaux, le réalisateur présente souvent ses films à Cannes, Berlin ou Venise. Il a notamment reçu l'Ours d'argent du Meilleur Scénario à la Berlinale de 2008 pour Une famille chinoise.
À bientôt 50 ans, Wang Xiaoshuai s'essaye pour la première fois au thriller mâtiné d'horreur, en mettant en scène une vieille dame en proie à des appels anonymes. L'horreur est toutefois relative, comme il l'explique : "Dans ce film, le fantôme n’a pas la même signification que dans les films d’horreur. Il s’agit en réalité du démon au cœur de l’être, du fardeau, de la peur qui vous suit en tout lieu et à tout moment. J’ai humanisé les fantômes dans le film. Personnellement, je considère les fantômes comme des humains qui peuvent vous entendre et vous voir".
Dans Red Amnesia, Wang Xiaoshuai met en scène des actrices particulièrement âgées : en effet, Lü Zhong a 75 ans, Ran-ran Li a 85 ans, tandis que Su Ying Huang impressionne avec ses 96 ans.
Pour son héroïne, le réalisateur Wang Xiaoshuai s'est inspiré de sa propre mère, qui fait partie d'une génération pour laquelle la notion de repos est inconnue. "J’ai constaté que c’était un phénomène très répandu en Chine. J’ai donc commencé à en explorer les causes. Les personnes aujourd’hui âgées de 70 ans ont vécu la proclamation en 1949 de la République Populaire et ont vu la Chine basculer dans le communisme. Leur éducation s’est faite au travers des différents mouvements politiques qui ont marqué notre pays et elles ont été marquées par tout cela. Elles ont subi un véritable lavage de cerveau : elles sont devenues insensibles et perçoivent parfois leur existence comme vide", explique-il, justifiant ainsi le titre de son film.
Red Amnesia est la conclusion d'une trilogie sur le Troisième Front, entamée par Wang Xiaoshuai avec Shanghai Dreams (2004) et 11 Fleurs (2011). Il s'agit d'une zone enclavée dans laquelle ont été implantés par Mao les complexes industriels et militaires, afin de les protéger de la Russie lorsque les relations étaient tendues. Cette délocalisation a entraîné la création de villes-dortoirs et déplacé et isolé de nombreuses familles. "Je pense que l’histoire de Deng s’inscrit dans la continuité de mes films précédents qui évoquent tous les dégâts que l’Histoire et ses évolutions ont causé au peuple chinois", confie le réalisateur.