Nous connaissions Suha Arraf par son travail de scénariste auprès d'Eran Riklis dans "La fiancée syrienne" et "Les citronniers". Dorénavant, il faudra compter avec Suha Arraf en tant que réalisatrice, "La belle promise", son premier long métrage de fiction, étant, en la matière, ... une belle promesse. Ramallah : une jeune fille sort d'un orphelinat pour gagner une grande villa située dans les faubourgs de la ville. Badia Touma a perdu très jeune ses parents et les 3 sœurs d'Anis, son père, l'accueillent chez elles uniquement parce qu'elle n'est plus en âge d'être acceptée dans un orphelinat. Il faut dire que la famille Touma est une vieille famille de l'aristocratie chrétienne de Ramallah et qu'Anis, le père de Badia, avait commis l'affront de se marier avec une musulmane. Juliette, l'ainée des sœurs, gère la maisonnée avec la tendresse d'un adjudant-chef et elle ne se cache pas de montrer à Badia qu'elle n'est pas vraiment la bienvenue. Très vite, Juliette n'a qu'une idée en tête : marier Badia. Leçons de français, leçons de piano, rencontres de familles chrétiennes lors de mariages, d'enterrements ou en organisant des thés dans la villa Touma, tout y passe. Mais il n'est pas facile de trouver un célibataire chrétien dans une ville qui voit partir les jeunes de cette confession vers l'Europe ou les Etats-Unis. Difficile, pourtant, pour Juliette, d'admettre que l'amour n'a pas de religion. A mi chemin entre Tchekhov et Buñuel, "La belle promise" permet à Suha Arraf de faire une entrée remarquée dans la famille des réalisateurs. On remarquera que, pour une fois, un film palestinien s'écarte du contentieux avec Israël, même si on entend souvent le bruit d'un conflit comme fond sonore, pour s'intéresser à des relations entre palestiniens, avec sa population musulmane d'un côté, sa population chrétienne de l'autre. Il n'est toutefois pas interdit de voir dans l'enfermement que subit Badia une représentation de l'enfermement subi par les palestiniens, représentation dans laquelle Juliette pourrait être l'état d'Israël, Violet les Etats-Unis et Antoinette l'Europe.