Je vois très bien pourquoi ce film a plu, au fond c'est pour ça que je suis allé le voir, pour me faire mon propre avis sur un truc qui était plutôt côté en ce moment. Même si je ne m'attendais à bien de rien grandiose en voyant cette affiche (oui je juge un film sur son affiche, c'est fait pour, viens pas me faire croire le contraire) je ne m'attendais pas à ça. En fait ce film a une multitude de problèmes et on peut commencer par les petits sans grande importance : les iraniens parlent français, quand ils arrivent en France ils ne comprennent pas le français, les maquillages tout moches avec leurs fausses moustaches, le type qui ramène ses "guest star" pour pas grand chose (Astier, Khojandi), bref. Mais il y a des choses beaucoup plus graves comme par exemple le moralisme indigeste, les traitement que ce soit celui des personnages ou de l'intrigue, le manichéisme (je veux bien croire qu'un dictateur soit un connard sauf que ça s'exporte aussi à toute forme d'autorité - mais j'y reviendrais) en matière de politique etc. En fait le sujet aurait pu vachement m'intéresser, en fait je suis un peu dans la même situation que le môme en un sens simplement voilà j'aurais deux ou trois trucs à dire sur les actes de résistance. Je veux bien qu'il y ait de l'humour même si j'ai assez peu ri durant le film parce que ça faisait bien de l'humour one man show bidesque et que je déteste ça. J'en ai rien à fiche aussi des sujets, je pense qu'on peut rire de tout, peut-être pas avec n'importe qui mais stop aux tabous, mais je pense tout de même qu'il y a une manière de traiter ses sujets, et il y a des sujets probablement plus sensibles que d'autres. La résistance dans un régime totalitaire surtout en sachant ce qu'engendre des trucs comme la prison, l'exil, etc. c'est un sujet sérieux et ça mérite qu'on s'y attarde autrement qu'en faisant des boutades vaseuses. L'humour ici sert a tout dédramatiser (on ne fait pas mourir un personnage mais on va bien nous faire chialer avec la musique au piano et les gros plans sur les visages en larme) et permet de résoudre tout. L'ablation des enjeux (parce que oui on sait déjà qu'il ne va pas mourir) c'est quelque chose de délicat qui peut être très bien traité ou fait n'importe comment, on laissera les intellectuels délibérer sur la valeur morale d'un tel traitement. Le truc c'est que là Kheiron il fait de la mémoire, alors je veux bien qu'on ait le droit de ne pas tout prendre au sérieux, et de ridiculiser un dictateur en en faisant une caricature mais maintenant il va falloir arrêter de faire passer le refus de manger un gâteau pour un acte de résistance (bien que s'en soit un, nul, mais un quand même). Le truc c'est que le film n'explique rien sur les évènements en Iran (et perso j'y connais pas grand chose) mais c'est beaucoup trop facile de dire "On a enlevé un dictateur pour en mettre un autre" parce que ton didactisme d'un coup il ne sert plus à rien, tu n'expliques rien. En plus il n'y a aucune profondeur politique. Justement coup du gâteau c'est bien un exemple, quand t'es en taule d'accord les matons sont sadiques (sûrement pas tous) et te frappent arbitrairement et je pense que c'est cette absurdité que la scène voulait souligner sauf qu'ensuite le personnage passe pour un héros et même si ça s'est passé en vrai, le film à aucun moment ne développe une remise en question de ce statut de héros. Dans les prisons les seules actions héroïques c'est de tenir le plus longtemps possible pour que les potes de la résistance se réorganisent. C'est d'ailleurs assez juste le passage où ils flippent pour 2 min de retard, où ils ne cessent de déménager etc. sauf qu'encore une fois c'est toujours une blagounette qui permet de les sortir d'affaire comme lorsqu'ils veulent quitter le pays et que le bébé dégueule sur le flic. Franchement qui veut bien croire qu'il n'y ait personne d'autre qui intervienne pour continuer de le fouiller ? Bref c'est ce genre de trucs qui sont assez insupportables, au fond on détruit l'acte de résistance en le décrédibilisant, en rendant plus important une petite rébellion dans une prison et en éludant toute difficulté par de l'humour. Et puis ensuite on a le droit à un discours bien mielleux sur les banlieues qui se ressaisissent, sans aucun discours politique profond mais juste de la bienpensance révulsive. Après j'ai bien aimé la demoiselle qui jouait la femme qui est tout à fait charmante, et j'ai découvert que chez les latinos qu'on croyait que la France était le pays parfait pour les droits de l'homme et la révolution et ça m'a franchement bien fait rire mais ensuite on nous montre des HLM à la place de creuser le vrai problème... Un peu à l'image de ce film donc, sujet survolé et réduction de pensée pour la petite comédie familiale qui contentera tout les prolos parce que c'est traité avec humour en ces temps de crise sans comprendre en quoi Kracauer et Debor avaient tellement raison.