Le Nouveau : les secrets du tournage

Avant de tourner Le Nouveau, Rudi Rosenberg avait déjà réalisé deux courts-métrages s’intitulant 13 Ans et Aglaée, dans lequel l'intrigue se déroule également dans un collège et le héros se nomme aussi Benoît. Avec ce premier long, le cinéaste voulait rester dans l’univers de l’adolescence et raconter une histoire à la fois personnelle et universelle. La figure du nouvel élève qui doit intégrer s’est imposée d’elle-même car, comme beaucoup, Rosenberg a aussi vécu cette expérience.

"C’est précisément la classe de 4ème qui m’intéresse. C’est une année charnière où le contraste de maturité entre les élèves est le plus flagrant. Où, malgré l’âge, on n'est pas tous logés à la même enseigne : il y a ceux qui sont encore clairement dans l’enfance, qui sucent leur pouce, portent des cartables, et les autres qui sont devenus de vrais ados, qui fument, organisent des soirées et sortent avec les filles. J’ai pensé que la confrontation de ces deux mondes offrirait un bon terrain de comédie", explique le réalisateur Rudi Rosenberg.

Rudi Rosenberg ne voulait pas décrire la génération actuelle lorsqu’il a tourné son film. En effet, le réalisateur a affirmé que les expressions, les réseaux sociaux et autres tendances finiront par être démodés. Pour que le film puisse garder de l’intérêt dans le futur, le cinéaste a mis l’accent sur les situations de gêne, les moments de jubilation, la volonté d’appartenir à un groupe, l’envie d’être cool, qui selon Rosenberg, sont intemporels. Il a donc veillé à gommer tant que possible les tics de langage et n’a pas non plus utilisé les morceaux branchés du moment.

Rudi Rosenberg a cherché à faire un film se démarquant des longs-métrages traitant du même thème. Le réalisateur explique : "Il y a beaucoup de films sur des bandes de copains déjà formées. Avec Le Nouveau, l’idée était de se pencher sur l’instant qui précède tout ça et de s'intéresser à la genèse d’une bande, à sa naissance."

Rudi Rosenberg voulait absolument que son film soit le plus immersif possible pour les adolescents. Ainsi, il n’a pas intégré d’adultes parmi les personnages principaux. Il nous renseigne quant à ce choix : "Quand j'étais gamin, j’adorais la série Les Années coup de coeur qui racontait la vie d’un garçon de 13 ans. Mais dès qu'il y avait des scènes avec les parents, je m'ennuyais. Je m'étais alors dit que si j'écrivais une histoire un jour, cela serait sans adultes ! Le seul adulte ici, c'est le personnage de Max Boublil, mais peut-on vraiment parler d’un adulte à son sujet ?"

La majorité du tournage s’est déroulée au collège Montaigne à Paris. Rudi Rosenberg a beaucoup insisté pour filmer les scènes dans cet établissement car il correspondait spécifiquement à l’univers qu’il voulait installer. En effet, selon le réalisateur, ce collège est un lieu où l’on peut ressentir l’importance des codes sociaux et le côté exclusif de certains élèves. C’est aussi, quelques rues plus loin, que La Boum, film référence, a été tourné.

Rudi Rosenberg a écrit le scénario en parallèle du casting. Il avait passé un accord avec ses producteurs : si le script n’était pas suffisamment bon, quel que soit l’avancement du projet, le film devait alors être arrêté. Jusqu’au dernier mois avant le tournage, l’équipe n’avait pas déniché le comédien pour interpréter le rôle de Benoît, le héros du long-métrage. Le casting a duré près de dix mois, Rosenberg cherchait en priorité des enfants qui n’avaient jamais tourné. Pour trouver ces adolescents, il a dû embaucher plus de trente personnes à travers toute la France, mais aussi en Suède et Belgique. Grâce à cela, l’équipe a pu auditionner plus de 5 000 jeunes.

Pendant que les acteurs jouaient leurs scènes, Rudi Rosenberg a laissé tourner les caméras en continu, ce qui lui donna près de 250 heures de rush à traiter. Le montage a donc été très long et a duré plus de sept mois en tout. Il a fallu mobiliser de nombreux monteurs et assistants qui ont travaillé avec la chef monteuse Julie Léna.