Nous étions l’autre soir, mon époux et moi, au Cinéma des cinéastes où passait le dernier film du réalisateur tunisien Ferid Boughedir, qui sortira le 20 avril prochain.
« Parfum de printemps » évoque le printemps arabe, la naissance en Tunisie de l’espoir de la Démocratie, de la fin du despotisme politique social et religieux.
Le réalisateur le dit avant la projection, il a choisi d’évoquer son pays tel qu’il est, sans dogmatisme, sans dénonciation, sans colère ni désespérance.
Et c’est ce qu’il fait, à travers le regard d’un « Candide », Aziz, diplômé mais au chômage, poseur de paraboles sur les toits des riches, et qui va rencontrer au fil des jours les pauvres et les riches, la pauvreté, et tous les moyens de lutter contre elle, la richesse et tous les moyens de la conserver ou l’augmenter : la cupidité, le vol, les trafics de tous ordres, la corruption, l’exploitation, et aussi le partage et la solidarité.
Aziz, surnommé Zizou, passe beaucoup de temps sur les toits, et quels toits ! Ceux de Sidi Bou Saïd, village mythique, merveille architecturale, balcon de la Méditerranée, surplombant les vertiges de l’antique Carthage. Quiconque s’y est promené, et c’est notre cas, ne peut l’oublier… le bleu de la mer, et du ciel, le bleu des portes cloutées, et des fenêtres et des balcons de Sidi Bou Saïd, le blanc des murs bruts et des toits terrasses sont un enchantement pour le spectateur, d’autant que Zizou les arpente à toute heure du jour et de la nuit, car il a une autre mission que de réparer les paraboles, une mission d’amour, sauver une jeune fille qu’il a vue, belle et en larmes, détenue prisonnière parce que promise à un homme riche et laid dont elle ne veut pas. Car le printemps arabe, c’est aussi le printemps des femmes, qui affirment leur droit et leur capacité à vivre leur vie, à exprimer leurs idées, à faire des études, à élever leurs enfants, à choisir l’homme qu’elles aiment au lieu d’être vendues.
On passe alors de la parabole sur le toit à la parabole/récit allégorique ;
Zizou le candide, le naïf, sauvera la belle, et , s’enfuyant sur les toits, s’accrochera à une gigantesque affiche de Ben Ali, qu’il déchirera de haut en bas, au moment où le peuple soulevé obtient enfin le départ du Despote.
Un beau film, fraternel, qui porte l’espérance et l’envie de se battre pour un vrai et définitif printemps arabe.
Marie-France