Fellipe Barbosa a reconnu avoir été particulièrement influencé par le travail du metteur en scène Alfonso Cuaron qui a parfaitement su aborder les grands problèmes sociaux de son pays dans son film très personnel Et... ta mère aussi !. Il a également mentionné des cinéastes français comme Maurice Pialat et François Truffaut.
Alors que le cinéma brésilien a pour habitude de montrer la misère de son pays, ici, le metteur en scène nous présente un milieu riche, bourgeois et opulent dont il est, lui-même, originaire.
Pour créer son film, Fellipe Barbosa s'est inspiré d'un événement marquant de son histoire familiale quand, en 2003, alors qu'il était étudiant à New York, son père fut ruiné mais le lui cacha très longtemps. Pour le réalisateur : "Le fait de ne pas avoir été là, avec ma famille, dans cette épreuve, m’a fait beaucoup réfléchir. Casa Grande est une manière de pallier cette absence en m’imaginant avec eux, à 17 ans, alors que j’allais passer mes examens et choisir ma future carrière. Ce film est une projection de ce qui se serait passé si j’avais été là à cette période."
Un des autres enjeux pour le metteur en scène était d'insérer au coeur de cette histoire personnelle une réflexion politique quant au système des quotas pour les étudiants des minorités.
Pour écrire son personnage principal, Fellipe Barbosa s'est beaucoup nourri de son expérience d'adolescent, notamment dans son rapport avec le personnel de maison employé par ses parents et grâce auquel il a pu découvrir une réalité sociale du Brésil qu'il était loin d'imaginer. Il explique : "Ses gens étaient mes confidents, et je me sentais libre de leur parler de choses que j’étais incapable d’aborder avec mes parents. Pourtant malgré cette intimité, j’ai réalisé qu’en fait je ne savais rien d’eux et de la façon dont ils vivaient… Jusqu’à ce que j’aille chez eux, dans les favelas. Ma propre ignorance est devenue une inspiration."
Même s'il souhaitait raconter une histoire universelle à travers le récit d'un passage à l'âge adulte, Fellipe Barbosa tenait également à filmer la ville de son enfance : "Il y a un grand nombre d’éléments et caractéristiques spécifiques à Rio de Janeiro. Je crois que ce film n’aurait pu se passer ailleurs qu’à Rio, car c’est une ville très révélatrice des fractures sociales, où il y a une proximité unique entre les différentes classes, les différentes origines ethniques, qui entraîne une confusion que l’on ne peut voir qu’au Brésil."