La première question qui vient à l'esprit lorsqu'on découvre l'existence de "Beyond Skyline" c'est tout simplement : pourquoi ? Non parce qu'imaginer qu'un producteur ait eu l'idée complètement démente de donner une suite au médiocre "Skyline" sorti voilà sept ans relève soit du pur suicide professionnel soit du pari de fin de soirée arrosée.
Il faut dire qu'en 2010, quelqu'un de pas très net avait déjà eu le projet de croire que des spécialistes en effets spéciaux pouvaient faire obligatoirement de bons réalisateurs. Heureusement, les frères Strause avaient su démontrer tout le contraire avec leur premier long-métrage. Alors, oui, les FX de "Skyline" en jettaient vraiment, incontestablement même, mais on avait rarement vu un film d'invasion alien à la platitude aussi exemplaire et dont la vacuité se traduisait sur tous les plans (intrigue, personnages, dialogues, interprétation,... tout sonnait creux, le grand chelem !), même l'idée très old school et amusante de ces extraterrestres venus pour moissonner nos cortex cérébraux était traitée avec un premier degré d'une tristesse absolue. Pour être d'une infinie gentillesse, on aurait peut-être sauvé sa fin qui, comme souvent dans ce genre de petites productions sur ce sujet, était la seule idée originale (encore que...) terminant le film sur une meilleure note que le reste. Mais, voilà, sept ans plus tard et avec les frères Strause partis entre temps détruire une autre franchise (les Aliens et les Predators ne veulent plus se rencontrer au cinéma depuis), "Skyline" avait disparu de toutes les mémoires et, à moins d'avoir loupé quelque chose, on n'avait pas assisté à de grandes manifestations mondiales pour réclamer une suite...
Comme désormais tout peut arriver, nous voilà donc à visionner "Beyond Skyline" en 2017 avec la motivation d'un homard devant une bassine d'eau bouillante. Pourtant, à notre grande surprise, si le premier "Skyline" était juste un film nul, on va très vite se rendre compte que sa suite, elle, va prendre la forme d'un gros nanar joyeusement décérébré aux sérieux airs de gros plaisir coupable. Oui, on n'en revient pas non plus.
Découpé en trois grosses phases, "Beyond Skyline" démarre pourtant avec le plus grand sérieux du monde. Après une présentation rapide des héros (bon, il n'y a pas grand chose à présenter sinon Frank Grillo dans un énième rôle de flic-épave avec un fils gentillement rebelle), nous voilà tout de suite plongés dans cette fameuse nuit du premier film où des lumières bleues sont tombées du ciel pour attirer les humains vers les grandes moissonneuses spatiales. Quittant les hauteurs de l'immeuble de luxe de son aîné, cette suite a la bonne idée de s'attarder en centre ville et de nous faire vivre ce grand "ravissement" alien à hauteur humaine et il faut le reconnaître, c'est plutôt chouette, les effets spéciaux sont encore au rendez-vous. Par contre, l'action étant censée se dérouler en parallèle du premier volet (et donc en 2010, "Beyond Skyline" en reprend même certains plans pour souligner la juxtaposition des événements), il est toujours embêtant d'entendre un des protagonistes parler de Daesh en évoquant une potentielle attaque terroriste, l'organisation n'était pas vraiment au firmament de sa "célébrité" à cette époque. Mais, peu importe, la suite va nous montrer qu'il ne vaut mieux pas trop s'attacher aux détails dans "Beyond Skyline"...
Puis, arrive le second arc à l'intérieur d'un énorme vaisseau spatial et c'est à peu près à ce moment que le film va commencer à dériver vers le gentil nanar. D'abord, il va y avoir ces aliens dont on a abandonné la conception en CGI pour des comédiens costumés, le côté cheap et ridicule qui va en ressortir va détruire à peu près toutes les ambitions visuelles des premières minutes malgré un univers qui, lui, reste de haute tenue sur ce plan. Niveau intrigue, le héros croise la route des personnages de la fin du premier film mais ceux-ci ne sont pas interprétés par les mêmes acteurs et ces nouveaux venus ont même retourné des scènes du précédent pour des flashbacks, on peut comprendre qu'Eric Balfour et Scottie Thompson n'aient pas voulu être associés à nouveau à ce qui doit représenter une grosse tâche dans leurs filmographies respectives mais ce remplacement inattendu participe lui aussi à renforcer ce côté "cheapesque" s'installant peu à peu. Enfin, le film s'enfonce dans les dialogues ridicules (aïe, le vétéran SDF) et les situations bien trop attendues comme des sacrifices héroïques, un bébé à sauver, un combat méchant alien (lumière bleue) vs gentil alien (lumière rouge), une évasion, des bombes, ... On est déjà presque rassasié lorsqu'on se rend compte qu'il reste encore une heure de film à visionner !
La troisième partie va achever d'envoyer "Beyond Skyline" dans le n'importe quoi un brin jouissif. On se retrouve ainsi débarqué en Asie (le film y a été coproduit), en plein Triangle d'Or où des anciens temples servent de laboratoires pour les trafiquants de drogues. On bascule ainsi dans un univers à la Rambo ubuesque avant de retourner dans la SF pure avec l'affrontement final dantesque qui nous attend. On frôlera même dangeureusement la série Z avec ces combats de kung-fu entre des aliens en latex et des locaux (forcément les asiatiques pratiquent tous les arts martiaux, c'est bien connu) alliés désormais à nos héros au milieu d'une bataille encore plus immense entre extraterrestres géants ! On en prend plein les yeux, on a depuis longtemps déposé notre cerveau à nos côtés, on est gavé comme des oies en pré-période de Noël et, surtout on s'amuse beaucoup devant un truc qui a visiblement décidé de ne plus du tout se prendre au sérieux.
Le bêtisier arrivant dès les premières minutes du générique de fin nous le confirmera : "Beyond Skyline" était bel et bien un gigantesque foutoir à prendre au dixième degré, un nanar s'assumant comme tel, sans doute beaucoup trop long mais sincèrement fun et prêt à tout pour en mettre plein les yeux. Tout ce que le premier film n'avait pas su être en somme. Néanmoins, par respect pour notre cortex cérébral qui a failli être ponctionné comme le font si bien ces aliens (est-ce une métaphore en direction du spectateur d'ailleurs ?), on n'en réclamera pas pour autant un troisième volet.