Il y avait beaucoup de monde, et moi le premier, pour percevoir la chose comme une tentative improbable de rebooter un succès non moins improbable des années 90 auprès d’une jeune génération qui, contre toute attente, a apparemment mordu à l’hameçon. En outre, dans mon cas, les Power Rangers ne représentent pas grand chose : lorsqu’ils ont commencé à être diffusés sur les chaînes françaises, il était déjà trop tard pour que je prête attention à ces héros chromatiques et à leurs petites chorégraphies de majorettes: outre le fait que je reniflais avec méfiance une telle “américanisation� du sentaï qui lui ôtait tout son exotisme bon marché, j’étais de la génération antérieure, celle des X-Or, Bioman et Giraya (même si au fond, tous ces trucs fonctionnent sur le même modèle ringard)...ce qui, au passage, m’indique avec une douloureuse acuité que les trucs que je regardais enfant sont trop préhistoriques pour que ceux qui tiennent aujourd’hui les leviers de la réactivation d’anciennes franchises puissent encore s’en souvenir. En tout cas, ce blockbuster intermédiaire, qui dévoile l’origine des Power Rangers pour les trois trentenaires no-life que ça doit encore intéresser, suit fidèlement le concept des ados à problèmes qui deviennent hyper badass grâce à de petits médaillons colorés, pilotent des robots en forme de dinosaures et affrontent une pin-up gothique sous acide répondant au patronyme inacceptable de Rita Repulsa. Par son appartenance à la grande famille consanguine des teenage-movies, l’ensemble reste cliché et prévisible d’un bout à l’autre...mais fondamentalement pas pire que le commun des productions du même tonneau: le scénario suit les rails sans dévier, et sans apporter la moindre surprise ou le moindre élément imprévu...donc oui, c’est bien moins approfondi qu’un “Chronicle� - et ce dernier n’était déjà pas franchement finaud - mais malgré tout notablement moins blaireau qu’un “Transformers�. Sauf si vous avez été un fan transi des Power Rangers au cours de vos tendres années, auquel cas le résultat fonctionnera comme une sorte de Madeleine de Saban, j’ai du mal à percevoir ce qu’apporte spécifiquement ce teenage-movie fonctionnel mais interchangeable. L’apport le plus notable de cette nouvelle version concerne la grosse artillerie pyrotechnique qu’il déploie et le destruction-porn décomplexé dans lequel il se vautre, et qui tentent de faire oublier les collants de couleur, les casques de moto tunés, les explosions de pétards-pirate et les monstres en latex d’autrefois : je ne suis pas encore parvenu à décider s’il s’agissait d’une bonne ou d’une mauvaise nouvelle.