Drame biographique sur The King of rock n'roll, réalisé par Baz Luhrmann, Elvis souffle constamment le chaud et le froid, pour un résultat pas entièrement abouti. L'histoire retrace le parcours de la star internationale pendant toute sa période d'activité musicale se déroulant sur un peu plus de vingt années, de ses débuts, à sa gloire, jusqu'à sa chute tout de même édulcorée, dans ce long-métrage fleuve de près de deux heures et demie. Une durée malheureusement mal exploitée et qui se fait légèrement ressentir, devenant usante à la longue à cause de cette orgie visuelle et musicale privilégiant la forme au fond. En effet, la vie d'Elvis donne lieu à un film autant centré sur l'icone que sur son impresario le Colonel Parker, narrant leur collaboration. Hélas, en dépit de sa durée, le récit nous apprend peu de choses et expédie trop rapidement les moments importants de l'existence de la vedette, en plus d'éluder totalement sa carrière cinématographique. Le tout est beaucoup trop déstructuré, linéaire et répétitif, les scènes manquant de liants entre elles, en plus de souffrir d'une temporalité pas assez clair. Le rythme effréné, ne prenant que très rarement le temps de se poser, y est pour beaucoup dans cet énorme fourre-tout clinquant trop romancé et pas assez terre à terre. L'ensemble est riche en superflu et rempli d'artifices, oubliant de procurer de l'émotion malgré les thématiques abordées comme la famille, notamment l'amour qu'il porte pour sa mère, l'évolution des Etats-Unis à travers le temps, ou encore le fait de renier sa vraie nature pour plaire à certains. Tout cela a du mal à prendre, le ton se voulant assez neutre, également à cause des deux personnages principaux peu attachants. Si Elvis Presley est parfaitement incarné par Austin Butler, dont la performance est remarquable, son rôle manque cruellement de consistance au niveau de sa psychologie. Il n'exprime pas grand-chose à travers ses paroles, préférant se concentrer sur la musique au point de se surmener. La prestation du Colonel Parker par Tom Hanks est elle moins convaincante. Il est étrangement grimé, ce qui fait qu'on a du mal à croire à son rôle à cause de cette apparence peu vraisemblable. De plus, le personnage en lui-même n'est pas très sympathique, se servant d'Elvis, complotant dans son dos. Cet homme cupide ne méritait pas d'être autant mis en avant dans une biographie rendant hommage au King. Le reste de la distribution est très vite oubliable tant les nombreux autres protagonistes croisés en chemin ne trouvent pas leurs places vu que les deux têtes d'affiches s'accaparent toute la lumière. Cependant, malgré leur omniprésence à l'écran, la relation entretenue par le poulain et son mentor n'est pas très approfondie et ne véhicule que très peu de sentiments. La faute également à des dialogues restant en surface. Mais le problème principal du film provient de son metteur en scène. En effet, le style tape à l'œil de Baz Luhrmann aurait pu coller avec le sujet, mais comme souvent il est trop excessif. Sa réalisation part dans tous les sens et donne d'avantage l'impression de voir un clip extrêmement long plutôt qu'un film coordonné. Sa mise en scène est pleine de poudre aux yeux et oublie très souvent le propos, préférant se mettre en avant lui au lieu de mettre en avant le récit. Ses mouvements de caméras sont certes surprenants et pleins d'idées mais n'apportent aucune narration visuelle. Le travail de reconstitution est lui en demi-teinte. Si les costumes ont de l'allure, les décors suintent le fond vert, ce qui n'a aucun charme, et manquent cruellement d'environnements naturels. Cela a pour conséquence de ne pas complètement retranscrire l'ambiance de l'époque. Heureusement, l'œuvre se rattrape sur son aspect musical qui est évidemment particulièrement important ici. La b.o. se veut extrêmement généreuse, accompagnant tout du long, presque sans discontinuer, ce visuel épileptique. Elle fait la part belle aux titres du chanteur, offrant énormément de ses tubes, en plus de lorgner sur des titres d'autres artistes tout aussi qualitatifs. C'est un véritable bonheur auditif tant son omniprésence donne de l'énergie. Cette destinée immortelle ayant influencée le monde se conclut sur une fin parvenant à être touchante, bien que vite expédiée, venant mettre un terme à Elvis, qui au final, aurait mérité un biopic plus qualitatif, même si cette version et cette vision de Baz Luhrmann reste paradoxalement acceptable malgré ses innombrables défauts.