D'Elvis, je ne connaissais que son look fringuant, iconique, et sa mort tragique qui en ont fait sa légende. Quant à sa musique, c'est à travers le dessin animé de Disney, Lilo and Stitch, que je l'ai découverte alors que j'étais enfant. Autant dire que j'en savais très peu sur le King qui était, après avoir vu «Elvis », bien plus que cela.
De mémoire, je ne crois n'avoir jamais été à ce point scotchée, touchée et épatée devant un biopic, ce genre si conventionnel d'une personnalité (peut-être passionnante) mais à l'exécution/ dramaturgie si... ennuyeuse. Pour ne pas dire chiante.
Avec «Elvis », Baz Luhrmann dynamite tout cela. Et ça ne ressemble à aucun film du genre que j'ai pu voir. Le style du réalisateur colle et se prête parfaitement au clinquant et à l'icône qu'était Elvis Presley. C'est peut-être pour cela que Luhrmann était le réalisateur idéal pour mettre en scène ce projet.
Le film n'est d'ailleurs pas qu'un tour de force visuel dénudé de fond. Bien au contraire. Le scénario aborde l'enfance d'Elvis, ses diverses influences musicales héritées d'un quartier peuplé d'Afro-américains, sa famille, ses drames, ses amis, ses rencontres jusqu'à la malheureuse du Colonel Parker (excellent Tom Hanks) qui le mènera jusqu'à sa perte... Le film a ainsi l'intelligence de recontextualiser l'époque, les mœurs, les tensions raciales et le puritanisme du pays tout en s'insérant dans la vie de ce jeune garçon du Tennessee et qui façonneront Le Elvis Presley que l'on connaît.
À ce propos, que dire de la performance hallucinante et habitée de Austin Butler qui disparaît littéralement pour faire renaître le King ? Et c'est en cela que l'expérience du film est si profonde, si immersive, servie aussi par la réalisation dingue, tournoyante et inventive de Baz Luhrmann et les musiques du chanteur qui parsèment le récit (des originales et des reprises contemporaines).
Moi qui n'y connaissait rien à rien sur Elvis Presley, j'ai pourtant l'impression d'avoir vécu une infime partie de vie avec cet homme adulé, trompé et critiqué. De lui avoir crié à l'écran de se méfier du Colonel manipulateur et malhonnête, tout comme le fait Priscilla dans le film. D'avoir vécu avec lui le pire drame de sa vie, de l'avoir vu se faire détruire avant de renaître, d'avoir été abandonné par une partie de son entourage (son père) et de l'avoir vu s'épuiser jusqu'à la mort pour son public et pour l'oisiveté de son manager sans scrupule.
Mais surtout et avant tout, j'ai l'impression d'avoir assisté à la naissance d'une star, à la passion d'un homme, sensible, inquiet, heureux, malheureux, bon vivant, qui donnait tout pour cet art qu'il aimait tant, la musique, et ce, jusqu'à son dernier souffle.
Spoiler : Dans ce troisième acte, Luhrmann rend un vibrant hommage au chanteur.
Les images d'archives et le sublime morceau choisis pour clôturer
son film massif ne manquent pas de nous marquer profondément et de laisser le spectateur avec une pointe de tristesse, celle de devoir dire adieu à un grand homme.
Biopic singulier et complètement à part au cinéma, « Elvis » nous transporte dans une autre époque, nous tient en haleine et ne nous lâche jamais sans la moindre once d'ennui. Un spectacle et une expérience formidables.