Evidemment, on ne s'attend pas à du raffiné, et après ces premières minutes où on est saoulés d'images criardes et de musique tonitruante, on se demande si on va vraiment tenir trois heures.... mais si! Parce qu'on est emporté par la musique d'Elvis, qui a tellement marqué son époque et que cette personnalité extravertie et clinquante, elle fitte absolument avec celle de Baz Luhrmann... Bon, c'est sur que si le réalisateur australien s'était attaqué au biopic d'Anton Bruckner, ça fitterait certainement moins bien.
Elvis est raconté par la voix du "colonel" Parker, son impressario qui le grugera toute sa vie, qui n'est pas colonel et ne s'appelle pas Parker.... mais n'est qu'un escroc apatride, ce qui explique qu'il ait complètement saboté la carrière internationale de son poulain: lui même n'avait pas de passeport, pas de possibilité de sortir des States! Le gentil Tom Hanks, affublé de bajoues et d'un estomac surdimensionné a du beaucoup s'amuser....
Quand il rencontre celui qui n'est encore qu'un ado précoce, il fait tourner Hank Snow (David Wenham) un chanteur de country bien "Amérique profonde", prude et bigot. Quant au petit Presley, les vicissitudes de l'existence (son père Vernon (Richard Roxburgh), lui aussi un escroc au petit pied, est en prison) conduisent la famille à vivre dans un quartier noir, et c'est là que le jeune garçon découvre les gospels, le rhythm'n'blues, l'extraordinaire vitalité de cette musique. Et c'est alors qu'il crée cet hybride de country et de rhythm'n'blues qui va devenir le rock. Il rencontre B.B. King (Kelvin Harrison jr), son idole.
Ses premières prestations, pleines d'une énergie animale, déclenchent le délire dans le public féminin. Parker le sait: il a déniché la pépite.... Qu'il va, ensuite, consciencieusement essayer de châtrer. C'est qu'il veut que le pognon rentre! Il ne faut pas choquer, donc! Or, la tenue scénique du jeune homme, ses mouvements de bassin -Elvis the Pelvis....- horrifient les conservateurs. Un sénateur dénonce celui qui, en imitant les nègres, abaisse l'homme blanc supérieur!!! Eh oui, on pouvait dire cela en public, en meeting, il y a moins de soixante dix ans!! Vous y croyez?
L'obscène est envoyé faire deux ans de service militaire en Allemagne et ensuite, Parker n'aura de cesse d'essayer de faire de son poulain un gentil showman prêt à faire de la pub pour les pulls de Noel. Elvis adorait sa mère, Gladys (Helen Thomson), morte prématurément et Parker joue cyniquement une sorte de substitut de mère... Il va fixer Elvis dans un show à Las Vegas, flanqué d'un docteur (??) miracle qui bourre le garçon d'injections et de pilules pour le calmer puis le doper, les filles se succèdent dans son lit, signant la mort de son couple avec la douce Priscilla (Olivia Dejonge) mère de la petite Lisa... on connait la suite. Alors, il y a la musique omniprésente, on danse sur son siège, et l'exceptionnel Austin Butler, tellement ressemblant, tellement vrai, peut être pas tout à fait assez bad boy? et au total, je l'ai adoré ce film!!!