Alain Cavalier, un des derniers survivants de la Nouvelle Vague (seconde période), avec Agnès Varda et Jean-Luc Godard, signe avec « Le Paradis » un film labélisé direct expérimental. La critique se pâme et crie au chef d’œuvre… Alain Cavalier, est avant tout un réalisateur précieux, indépendant, atypique et doté d’un sens aigu de l’image vérité. Il aime le cinéma… il nous a fait vivre tout au long de sa carrière des grands émois, ciné-frisson avec « L’insoumis », ciné-passion avec « Thérèse » ou encore ciné-motion avec « Un étrange voyage ». Là il faut bien se rendre à l’évidence son « Paradis » relève plus du ciné-gâteux qu’autre chose. D’abord parce que son film est profondément onaniste (à l’inverse d’une Varda qui filme la vie et donne aux autres). Il s’auto-congratule de son parcours de vie et tente d’en donner, tantôt mystique, tantôt puéril, la substantifique saveur à des spectateurs perdus, hagards et incrédules (il fallait voir les têtes à la sortie !). Ensuite, cette accumulation de plans composés d’images champêtres (la mausolée pour le paonneau vaut son pesant de graines !), de scènes d’intérieur intimes (chez lui), d’interventions inutiles de personnages (qui se demandent ce qu’ils font là), le tout commenté façon verbiage en permanence par le réalisateur, ressemble plus à une espèce de tumulus, le tertre insipide d’un artiste en fin de carrière. Tout cela n’est pas grave en soi, mais très peinant. On atteint même le sommet du ridicule quant Alain Cavalier en vient à filmer un rollmops et de nous expliquer benoîtement l’espèce d’orgasme spirituel qu’il a eu en y goûtant à nouveau, comparable à sa première hostie ! On salue la force du symbole, pour ma part j’ai explosé de rire. Le prochain film de Cavalier sort en novembre, espérons qu’il effacera cette mauvaise impression d’un réalisateur qui se sert de sa caméra comme déambulateur.