Asaf Korman s’est inspiré de la jeunesse de sa femme, Liron Ben Shlush, qui, comme l’héroïne du film, a grandi avec une sœur handicapée mentale. Après en avoir parlé avec elle, le cinéaste a décidé de centrer son histoire sur la négligence, par amour, de sa propre vie au profit de celle de quelqu’un d’autre.
Dana Ivgy, qui joue la sœur handicapée dans le film, ressemble énormément à celle de Liron Ben Shlush (qui incarne Chelli), ce qui a considérablement facilité le travail pour l’actrice. Une vraie complicité est ainsi née entre les deux femmes.
Si Liron Ben Shlush et Asaf Korman, mari et femme dans la vraie vie, redoutaient les scènes de nudité et de sexe entre l’actrice et un autre homme, celles-ci n’ont été qu’une "formalité technique". La plus grande difficulté pour Liron Ben Shlush a été de se détacher du scénario qu’elle a co-écrit, pour s’approprier réellement son personnage, qui, même s’il est basé sur sa propre histoire, reste différent d’elle.
Dana Ivgy, qui incarne la jeune sœur handicapée de Chelli, ne l’est pas dans la vie réelle. La jeune femme a passé de nombreux jours dans le centre où vit la sœur de Liron Ben Shlush et a parlé à de nombreux médecins pour comprendre le comportement, la gestuelle et les actes de Gabby (son personnage).
Chelli n’a pas nécessité beaucoup de décors. En effet, le film se passe presque entièrement dans la même pièce. Un gros travail a cependant été réalisé sur la mise en scène afin de trouver comment utiliser un seul espace. Asaf Korman a ainsi choisi de filmer en cinémascope, donnant à cette unique pièce l’aspect d’un paysage et uniquement en plans fixes, accentuant l’effet d’enfermement du personnage principal dans son rôle de "grande sœur".
Pour accentuer l’existence d’un monde extérieur duquel Chelli est exclue, un grand travail a été fait sur l’univers sonore "hors-champ". Ainsi, tout au long du film, on peut entendre les bruits du quartier et la musique festive à travers les murs de la pièce où se trouvent les personnages.
Alors qu’il traite d’un sujet très réaliste et dramatique, le film tend rapidement vers le thriller. Asaf Korman explique : "Liron et moi savions qu’avec un tel sujet, nous allions sur un territoire dangereux où nous pouvions facilement tomber dans le mélodrame à l’émotion racoleuse. Nous nous sommes efforcés de lutter contre cela avec les outils cinématographiques légués par Hitchcock et d’autres auteurs de films de genre, sans se laisser déborder par l’aspect intime, réaliste, personnel et émotionnel qui était au départ de cette histoire."
Chelli a fait partie de la sélection 2014 de la Quinzaine des Réalisateurs.