Les cinéphiles n'ont pas oublié la grande période des cinéastes bengalis Mrinal Sen, Satyajit Ray et Ritwik Ghatak. En effet, l'Inde, le pays qui produit le plus de films au monde, ne se réduit pas aux seuls films bollywoodiens. De nos jours, continuent d'arriver sur nos écrans, souvent grâce au Festival de Cannes, d'excellentes comédies romantiques comme "The Lunchbox" ou des films comme ce "Titli, Une chronique indienne" qui se situe dans la veine sociale néo-réaliste. Ce film était à Cannes, dans la sélection Un Certain Regard, mais l'année dernière. Réalisé par Kanu Behl, dont c'est le premier long métrage de fiction, Il nous transporte à New Delhi, dans une famille constitué d'un père, dont tout laisse à penser qu'il a commis le pire, de Vikram, le fils aîné, un être d'une grande brutalité, de Pradeep, le cadet, qui s'efforce de calmer son frère aîné et de Titli, le petit dernier, qui a reçu un prénom de fille (Titli = papillon) car c'est une fille que souhaitait avoir sa mère. La spécialité "professionnelle" du trio : le braquage de voitures, le plus souvent avec violence. L'autre spécialité : la perte des épouses, soit par une mort précoce, soit par divorce. Pour Pradeep, toutefois, il n'y a aucun risque : il semble bien qu'il préfère la gent masculine. Titli participe aux activités conduites par son frère aîné mais il aimerait bien quitter ce "trou à rats", son rêve étant d'acquérir un parking et de vivre de revenus honnêtes. Le mariage avec Neelu, arrangé par ses 2 frères, va-t-il lui permettre de réaliser se rêve ou, au contraire, l'en empêcher ? "Titli, Une chronique indienne" porte un regard sombre sur la société indienne, qui apparait comme baignant dans la corruption policière, les mariages arrangés, la violence et la misère. Toutefois, une petite lumière s'allume : le rôle des femmes, de certaines femmes, qui semblent décidées à ne plus se laisser faire. Au bout du compte, dommage que des longueurs (durée du film : 2 h 07) viennent freiner l'enthousiasme qu'un film plus court aurait généré.