Loin de mon père est l’adaptation du livre Far From His Absence (Loin de son absence), écrit par Shez, qui espérait que son amie réalisatrice, Keren Yedaya, l’adapte. La cinéaste a pris quelques libertés dans l’adaptation, en gardant comme base la relation incestueuse entre le père et la fille, tout en modifiant l'âge du personnage principal qui dans le livre est proche de la trentaine alors que le film présente une jeune femme d'environ vingt ans. Au total, il lui a fallu 3 ans pour boucler le scénario.
Comme le dit la réalisatrice, tous ses films "naissent d’une nécessité politique et sociale". En dehors du cinéma, Keren Yedaya est très active pour la cause des femmes israéliennes. Elle a été l’une des premières à affirmer que la prostitution n’était pas un choix et qu’il fallait ouvrir des centres pour aider ces femmes. Sa passion pour le cinéma est indissociable de la politique, car à travers ses films, elle espère "créer des débats dans la sphère politique et dans la sphère artistique".
Avec ce film, et en filmant des scènes à caractère sexuel, Keren Yedaya espérait sortir des clichés courants que l'on attribue à l’inceste : "Mon film montre la réalité de l'inceste dans toute sa complexité. Mon héroïne aime son père, elle est jalouse, dépendante de lui. Filmer le sexe permettait d'appréhender tous ces aspects. C'est le sujet même du film. Oui, il y a une scène d'orgasme mais cela n'enlève rien au fait que l’inceste soit un crime. Chacune des scènes que j'ai filmées a un sens et une utilité".
C’est lors de sa participation à un jury dans une école de comédien, que la réalisatrice Keren Yedaya a rencontré la jeune actrice Mayaan Turjeman. Elle devait effectuer un monologue de 4 minutes. Son interprétation était tellement drôle que la réalisatrice fut conquise.
C'est une deuxième collaboration entre la réalisatrice Keren Yedaya et le chef opérateur Laurent Brunet. Ils avaient travaillé ensemble sur le film Mon Trésor en 2003. Le spécialiste de la lumière a su transposer à l’écran les idées de la réalisatrice. Elle confie : "Je voulais une lumière très naturelle. J'aime quand on voit les particules de poussière danser dans le soleil, ce que l'on trouve dans les scènes d'intérieur".
Le rôle du père abusif a été attribué à un acteur israëlien célèbre, Tzahi Grad dernièrement à l'affiche de Off White Lies. La réalisatrice précise à son sujet qu'avant de pouvoir travailler le rôle ensemble, ils ont appris à mieux se connaître et sont même devenus amis.
La scène de la plage interprétée par la jeune comédienne Maayan Turjeman est inspirée d'un fait divers survenu à Tel Aviv en 2012, où une femme avait des rapports sexuels avec plusieurs hommes en plein milieu d'une plage bondée de monde. La réalisatrice explique : "Elle était ivre et prétendait s'amuser. Ma mission consiste à montrer quelle femme peut vouloir ça."
Keren Yedaya a dû choisir entre utiliser la Dolly (autre terme pour parler d'un travelling) ou le zoom, qui est plus compliqué à manier et qui est moins flatteur au niveau du rendu des images. Cependant, la réalisatrice considérait ce choix de mise en scène plus adapté à son sujet.
À l'opposé du cinéma hollywoodien qui selon Keren Yedaya tente d'embellir les acteurs, pour son film Loin de mon père, la cinéaste a souhaité garder ses comédiens au naturel, sans maquillage. Elle confie : "Je peux comprendre qu’à Hollywood, ils essaient de rendre tout le monde beau mais pourquoi dans les films d’auteur doit-on cacher la peau ? Je trouve cela complètement absurde alors que notre travail consiste à chercher la vérité."
Ce film a été présenté dans la catégorie Un Certain Regard au Festival de Cannes 2014, mais il n'a pas été récompensé.