Attachez vos ceintures et embarquez dans la machine à remonter vers les blockbusters des années 90 que nous a concocté ce diable de Dean Devlin ! Pour son premier film en tant que réalisateur, l'ex-collaborateur de Roland Emmerich convoque tous les clichés des films catastrophes d'une époque dont on comprend vite le pourquoi du caractère révolu tant "Geostorm" est l'équivalent d'une grande inspiration de gaz hilarant cinématographique.
On assiste ainsi, médusé, à un film aux ressorts complètement anachroniques, ignorant près de deux décennies blockbusteriennes et dont les premiers instants créent involontairement une sorte de sympathie nostalgique par son caractère désuet (personnellement, je me suis revu en train de découvrir une VHS de ces films débilo-apocalyptiques à l'approche de l'an 2000). Mais ce regard attendrissant ne dure que quelques minutes car "Geostorm" va vite virer au truc complément aberrant ayant le potentiel de faire passer le "Armageddon" de Michael Bay pour un mémoire de Stephen Hawking.
Bienvenue donc dans un futur proche (2019) où le climat est devenue littéralement dingo, allant même jusqu'à griller deux millions de personnes à Madrid en une journée avec une canicule (le plan sur la ville avec tous les cadavres est simplement à mourir)! Heureusement, pour pallier à ces petits désagréments mondiaux, Gerard Butler, bien plus crédible lorsqu'il ouvre des canettes de bière qu'en tant de scientifique, a construit un système de satellites spatiaux permettant de réguler les catastrophes météorologiques. On ne comprendra jamais trop comment tout cela marche mais, en même temps, c'est la voix-off d'une enfant d'une dizaine d'années qui nous explique le principe de l'installation, on peut dès lors supputer qu'il ne faut pas chercher plus loin...
Bref, tout fonctionnait plutôt bien jusqu'à ce qu'un village afghan et tous ses habitants soient transformés en machine à glaçons géante. Comme Mr Freeze ne semble pas être dans le coup, les soupçons se dirigent vers une conspiration au sein du gouvernement américain qui utiliserait la machine spatiale à des fins mystérieuses...
S'ensuivront un Butler propulsé du jour au lendemain au sein de la station spatiale internationale pour régler le problème en faisant tout exploser sur son passage, un frère (Jim Sturgess) et sa compagne du Secret Service (Abbie Cornish) restés sur Terre pour démêler les liens d'un complot parfaitement ridicule, un secrétaire d'État (Ed Harris) qui se balade avec un bazooka dans le coffre de sa voiture, un Président des USA incarné par un Andy Garcia empâté, et, évidemment, un déluge de catastrophes météorologiques d'environ 30 secondes chacune annonçant la "Géotempête" mondiale du titre (vu la piètre qualité des effets spéciaux, on peut comprendre pourquoi tout le monde veut éviter d'assister à ça).
Dean Devlin n'est pas Roland Emmerich et n'a visiblement pas pu avoir le même budget. Là où le professionnel allemand de la destruction massive fait toujours dans la générosité visuelle à grands coups de dollars qui jaillissent de l'écran (avec tous les reproches connexes que cela peut induire), Dean Devlin essaie de faire comme son petit camarade de jeu mais, avec son prêt Cetelem, ça ne donne que quelques scènes de catastrophes ici et là, invariablement très courtes, aux FX souvent discutables et diluées tout au long d'une intrigue de thriller qui semble se prendre bien trop au sérieux pour ce qu'elle raconte (ah ce premier degré inhérent aux 90's !).
Comme l'ensemble, les personnages, les rebondissements ou encore les tentatives effroyablement gênantes d'humour dégagent l'odeur de naphtaline d'une vieille armoire qu'on regrette déjà d'avoir ouverte. À vouloir sauver à tout prix quelque chose de ce naufrage, on ne retiendra peut-être qu'Abbie Cornish, la seule avec son personnage féminin fort à apporter un peu de fraîcheur à ce plat arrosé de testostérone vieillote (encore faudra-t-il oublier la scène où elle court comme une démente après une voiture en espérant la rattraper).
La plus grosse catastrophe de "Geostorm" c'est le tsunami d'âneries des années 90 qu'il tente de raviver de manière jusqu'au-boutiste sans en avoir le talent ni les moyens. Et puis, y avait-il une si forte demande que ça pour que quelqu'un s'aventure à dépoussiérer ces vieilles machines hollywoodiennes aux mécanismes rouillés depuis belle lurette ? Pas si sûr...