Un jeune homme prénommé Paterson (Adam Driver), vivant à Paterson, mène
une existence parfaitement réglée. De son travail de chauffeur de bus au
bar où il boit habituellement sa bière du soir, en passant par sa
compagne (Golshifteh Farahani) avec entre eux deux un chien au regard
vide, cet univers nous devient vite familier, afin de mieux nous rendre
sensibles à tout ce qui déroge à cette routine, en particulier les
talents de poète de ce chauffeur, qui glane çà et là son inspiration au
fil des conversations qu’il peut entendre. C’est un film assez calme,
voire un peu planant, comme le sont certains films du cinéaste, qui fait
par ailleurs preuve d’une grande sobriété en ce qui concerne la mise en
scène, contrairement à Only lovers left alive, plus
baroque, plus stylisé, pour coller à cette histoire de passion et de
réclusion amoureuse chez des vampires, dans le Détroit dévasté et
déserté d’après la crise de 2007-2008. La répétition est présentée comme
étant une base de la création artistique, s’opposant à une vision plus
romanesque qui voudrait qu’un artiste crée nécessairement son œuvre d’un
seul jet, dans une sorte de folie créatrice ne devant plus être
stoppée. Or ici, c’est la vie quotidienne qui est célébrée, dans ses
aspects les plus banals, nous conviant à être plus attentifs aux petits
riens. Les acteurs jouent parfaitement leur rôle d'Américains moyens, dans cette histoire pouvant paraître banale, mais qui comporte, comme toujours chez Jarmusch, ce petit quelque chose d'aérien et de poétique. Bref, un des
meilleurs films de 2016, comme vous pouvez le voir dans mon classement des
meilleurs films de l'année sur mon blog, où se trouvent également des critiques
(illustrées et avec quelques extraits) sur quelques uns des films de l'année : 7emeart.wordpress