La plupart du temps pas très adepte du cinéma de Naomi Kawase, souvent ennuyeux, régulièrement dans la pose et l'esthétisme creux, je me suis laissé tenté par les critiques qui présentaient "Still The Water" comme la plus grande réussite de la réalisatrice depuis l'excellent "Shara"... Et, de fait, le film a fonctionné pour moi, même si les défauts habituels de Kawase sont bel et bien toujours là, et peuvent rendre la vision du film rédhibitoire. Ce qui marche, donc, dans "Still the Water", au delà de la beauté stupéfiante de la composition de la plupart des plans, représentant une nature tout à tour sauvage (l'océan furieux, les typhons) et sublime (le vent sur les champs, dans les forêts, les fonds sous-marins), c'est la chronique finalement assez simple de l'éveil à la vie de deux adolescents presque ordinaires, déchirés entre les troubles "classiques" de leur âge - principalement leur rapport à leur père et à leur mère - et l'éveil à la sexualité. Portée par deux acteurs gracieux - même si le garçon tape sur les nerfs, ce qui est normal à son âge, non ? -, cette description attentive, précieuse, d'un tout jeune amour permet de passer outre les aspects plus lourds de "Still the Water", comme les mantras animistes qui peuvent facilement faire sourire, ou une curieuse complaisance à filmer l'égorgement d'une chèvre (deux fois, quand même...).