Ce film me laisse perplexe !
Une fois passée le jouissif effet pain d'épice d'être de retour dans le monde de sorcier et dans la tête de J.K. Rowling, qui est encore une fois si riche (trop ?) sa complexité se trouve être à la fois son principal atout et son principal tort.
Tout d'abord, les points positifs à mes yeux. D'abord, les personnages, comme dans le premier opus, sont réussi, notamment Newt Scamander, soutenu par l'incroyable performance d'Eddie Redmayne, et Dumbledore, magnétique, lumineux. Johnny Depp est surprenamment bon dans le rôle de Grindelwald, et chose impensable après l'excellente prestation de Colin Farrell, il devient un antagoniste parfait pour ce monde, manipulateur, caressant d'une main, frappant de l'autre. Au-delà de l'antagoniste, c'est le message politique, tellement d'actualité, qui est encore si réussi chez Rowling. Elle montre, à nue, la montée de la haine, de la haine des élites qui se confond en haine des différences, comme je l'ai rarement vu dans un blockbuster de cette taille. Esthétiquement, dans les créatures, et dans les décors, dans les costumes, ce film est beau, magnifique, et évite (presque) tous les travers des cinéastes mettant les pieds à Paris
Mais le message politique se dissipe lorsque les pudeurs de gazelles rattrapent le film, celles de ne montrer la relation qui unit Grindelwald et Dumbledore que par sous-entendu, et ainsi de désamorcer le drame qui tiraille intérieurement Dumbledore . Avoir un héros ouvertement amoureux d'un autre personnage masculin, est-ce encore trop pour Hollywood? Ensuite, la complexité des arcs narratifs, ainsi que leur nombre, ne nous permet pas de s'attacher à certains personnages, notamment Leta Lestrange et Yusuf Kama, et fait d'autres, même Newt et Tina, de simple spectateurs de l'action, alors qu'ils en avaient été acteur dans le premier opus. Enfin, le fait de faire revenir Jacob et Credence
(surtout pour le twist final que je trouve carrément tiré par les cheveux, à moins que ce soit un énième stratégie de Grindelwald, pourquoi pas?)
, pour du fan service ou servir de McGuffin est maladroit. Enfin, l'enchaînement de l'action, trop rapide, dessert la mise en place d'une atmosphère lourde, qui était le principal atout du premier opus.