A la vie : les secrets du tournage

A la vie est librement inspiré du vécu de la mère du réalisateur. Il y a quelques années, Jean-Jacques Zilbermann l'avait filmée elle et ses amies alors âgées de soixante-dix ans environ. Cherchant à conserver un témoignage de ces trois femmes, le metteur en scène en fit un documentaire de 52 minutes intitulé "Irène et ses soeurs", qui ne fut jamais diffusé. C'est à partir de ces récits qu'il décida pourtant, après mûre réflexion, d'en faire une fiction. Ainsi, les souvenirs de déportation évoqués dans le film sont de véritables faits vécus par les trois rescapées.

Le tournage de A la vie s'est déroulé à Berck sur mer dans le Pas de Calais et les figurants n'étaient autres que des Berckois !

L'idée de situer l'action du film au début des années 1960 est venue à Zilbermann lorsqu'il se souvint avoir filmé sa mère et ses amies sur la plage en maillot de bain. Le metteur en scène trouva judicieux de transposer leurs témoignages durant cette décennie colorée et insouciante, où les traces de la guerre s'étaient estompées... "Je voulais confronter ces trois femmes et leur passé à cette gaieté, cette légèreté. Et imaginer le regard qu’elles pouvaient poser sur ce monde, elles qui avaient vingt ans à Auschwitz."

Des livres d'Histoire, des témoignages, des souvenirs, c'est avec cela que le réalisateur Jean-Jacques Zilbermann s'est documenté pour écrire et tourner A la vie. Quant à Johanna ter Steege, elle a pu rencontrer la fille de Lili (le personnage qu'elle interprète), qui lui raconta nombre d'anecdotes, illustrées de photographies de sa mère.

A la vie a été présenté au Festival de Locarno en 2014 sur la Piazza Grande.

Pour le casting du film, Jean-Jacques Zilbermann voulut se coller au plus près de la réalité, c'est pourquoi il respecta les origines des trois protagonistes en engageant une actrice française (Julie Depardieu), canadienne (Suzanne Clément) et hollandaise (Johanna ter Steege) : "Julie, Johanna et moi sommes très différentes ; nous venons de pays différents et nos modes de vie ainsi que là où nous en sommes dans nos vies sont très dissemblables tout comme pour Hélène, Rose et Lili. Je crois que ce sont précisément ces différences qui ont nourri nos personnages", commente Suzanne Clément.

La comédienne Johanna ter Steege devait jouer dans un film sur la déportation 20 ans plus tôt sous la direction de Stanley Kubrick pour le projet non abouti “Aryan Papers”. Mais c'est finalement avec A la vie qu'elle incarnera un témoin de l'Histoire.

Les comédiennes ont dû travailler les chants yiddish, exceptée Suzanne Clément puisque Rose, son personnage, refusait de chanter. Quant à Julie Depardieu, elle s'y était déjà essayée pour Un Secret en 2007. Le réalisateur leur en expliquait le sens pour qu’elles les comprennent et les interprètent de la meilleure manière possible. Il préférait cette méthode plutôt que de leur demander de se documenter sur la déportation : "Elles chantaient à Auschwitz quand il arrivait qu’elles soient sans surveillance. Au camp, elles avaient gardé la mémoire de ces chansons yiddish, les chansons qu’elles avaient apprises de leurs mères et qu’elles chantaient pour se donner la force de vivre", confie Jean-Jacques Zilbermann.