S'il y a des gens qu'on peut vraiment féliciter pour "Pan Pleure pas" (mais aussi à qui on peut un peu en vouloir), ce sont bien les responsables de la bande-annonce. Très bien faite et très prometteuse, la bande-annonce. Des promesses de voyages à travers les continents, les peuples, les cultures, les époques. Des promesses de problématiques économiques, sociales, géopolitiques. Des promesses de drôlerie, de subversion, de poésie, de fantaisie, de merveilleux. Et puis, ce qui est bien quand on voit une succession de courts-métrages, c'est qu'une fois le premier terminé, on peut se dire : "bon bah, c'était pas terrible, mais le suivant sera sûrement vachement mieux !" Hélas, trois fois hélas... Passons rapidement sur la promesse de voyages, plutôt tenue grâce au choix des sujets (les amours contrariées d'un jeune angolais et d'une jeune chinoise, la fuite d'un poète et aventurier portugais dans l'Inde du XVIème siècle, une farce autour de la sexualité dans les régions tribales d'Afghanistan) et grâce à de belles images (les jeunes nageant autour des épaves de cargos...). L'analyse et la critique de la mondialisation, par contre, tombent souvent à côté de la plaque soit par manque de subtilité (l'Africain incapable de bander devant sa copine chinoise, bonjour la métaphore !), soit par manque d'à-propos (j'ai eu du mal à croire que le dernier court datait seulement de 2013 tant son contexte paraît daté). Quant aux situations ou aux dialogues qu'on devinait drôles et subversifs, ils s'avèrent en fait scabreux (la copine scato du poète...) mais inoffensifs (Obama et ses "enfants" drones...), ce qui nuit pas mal à la poésie et à la fantaisie recherchées, présentes quand même par petites touches. Enfin, on pourra aussi reprocher aux distributeurs le titre choisi pour cette compil de courts-métrages, titre à l'image de la bande-annonce, séduisant mais véritable tromperie sur la marchandise. C'est en fait le dernier film qui aurait mérité de donner son titre à l'ensemble : "Ennui, Ennui".