Préparez un bon comprimé d'aspirine! Déjà à ne pas regarder en VOST si votre anglais n’est pas courant, sinon c’est un relaxant musculaire en plus qu’il vous faudrait. Non pas que le film soit de piètre qualité, totalement incompréhensible, ou les acteurs mauvais mais il faut juste soit être au courant à l’avance de quoi il parle, soit être culturellement bien préparé pour l’apprécier, c'est tout : moi je m'attendais à un film de cambriolage mais je tombe sur film documentaire sur la crise de 2008, un effet de surprise qui aurait bien fonctionné si le jargon ne m’était pas si étranger ou si j’avais déjà lu « La finance pour les nuls », et je m'étais préparé à enfin reposer mon cerveau avec une petite séance ciné après une longue journée au boulot, alors qu’il fallait avoir la tête bien légère pour être suffisamment réceptif à toutes les leçons de finance incluses dans le package. Car franchement, soyons honnêtes un peu, vous qui avez l’air d’adorer le film genre « Ah ouaiiiiiiis top, ça dénonce les manigances des banquiers, des requins de la finance, je vous ai tous cerné désormais, vos magouilles, vos stratagèmes tordus, c’est bien malin mais moi j'ai tout compris grâce à The Big Short,, je peux même avoir des débats sur la crise financière », avez-vous réellement tout déchiffré dans ce film? Vraiment vous seriez capables de tout ré-expliquer ? Avez vous à ce point été emballés par les longs dialogues bourrés de sigles techniques débités si vite que le temps de te rappeler à quoi correspond un anagramme ils sont déjà en train d’expliquer comment il a été mis à profit dans un mécanisme complexe ? Car à moins d'avoir des pré-requis solides en finance, et d'avoir la tête encore fraiche genre le voir à 7h du mat après une bonne dose de caféine, quiconque surpris par le sujet du film ne peut que se retrouver perdu entre les ABS, FICO, CDS, CDOs à toutes les sauces : CDO classique, CDO synthétique, CDO de CDO (c'est là où j’ai complètement lâché l’affaire, agité mon drapeau blanc au milieu de la salle) et j'en passe! Je dis ça car je me retournais souvent lors de ces scènes énigmatiques où personnellement j’étais, et je n’ai aucune honte à le dire complètement largué, pour voir la tête des gens tant bien que mal intéressés par l'intrigue, essayant de faire bonne figure pour la plupart, avec un regard blasé qui a l'air de dire "je comprend tout c’est génial, enfin, pas vraiment tout mais juste faisons genre, je n’ai pas envie d’avoir l’air bête devant ces acteurs si talentueux !". Entre la voix off, les acteurs qui se prennent tous pour des génies et se retournent vers nous, modeste commun des mortels, pour nous balancer deux trois explications afin qu’on puisse suivre, les analogies avec des exemples simplifiés de la vie et dessins enfantins, et enfin l’ambiance bureautique tout sauf dépaysante de notre quotidien, ce film m’aura exaspéré bien plus que distrait. Oui messieurs, le cinéma est avant tout fait pour distraire pas pour donner des leçons de d’amphithéâtre, à ce moment là un documentaire bien expliqué d’adulte en adulte aurait été bien plus instructif. En résumé, "The Big Short" est un mélange entre un cours accéléré en finance à la sauce américaine funny and easy way mais cultivant, et l'histoire réelle de visionnaires qui ont su tirer profit de la crise là où des millions de gens en ont souffert, tout ça autour d'un casting alléchant pour attirer le spectateur qui va se dire qu'avec des acteurs pareils et une telle notoriété, on ne peut qu’être servis. Je me demande si la recette récoltée par ce film n’est pas lui-même un véritable casse.