Un documentaire fort et émouvant, à voir absolument... Nous voici entrainés à travers 12 pays, à la rencontre de ces femmes et de ces hommes, audacieux et courageux, qui croquent l'actualité avec humour et mine acérée, faisant parfois grincer des dents les dirigeants. Plus que de simples humoristes, ce sont des illustrateurs engagés qui risquent parfois leur vie.
Tout au long du film, la caméra nous donne à partager des tranches de vie de leur quotidien, nous faisant nous sentir proches, tout en resituant à chaque fois les contextes, et en créant du lien.
On est touché par leur audace et leur pertinence tout d'abord, leur capacité à résumer en un croquis des problématiques complexes, et à résister aux pressions extérieures. Par le fait que, contrairement à ce que certains pourraient avancer, la caricature de presse n'est pas qu’une affaire de "bobos", qui ne servirait qu’à faire de l’esprit, mais, au contraire, un langage universel directement accessible même aux gens analphabètes, notamment en Afrique, où œuvrent entre autres le Burkinabé Damien Glez et l'Ivoirien Lassane Zohoré.
Si l'on rit, souvent, on est aussi ému à de nombreuses reprises; par le Russe Mikhail Zlatkovsky, obligé de travailler clandestinement tout en faisant le taxi de nuit pour gagner sa vie; par Ali Ferzat, le Syrien, qui raconte que lorsqu’il s’est fait tabasser, ses agresseurs ont bien pris soin de lui briser les mains… par Plantu (fil conducteur attachant durant tout le film) qui raconte comment il a réuni Shimon Peres et Yasser Arafat sur le dessin d’une carte d’Israël avec deux drapeaux, qu’il leur a fait colorier puis signer successivement ; par la Tunisienne Nadia Khiari, qui aurait aimé n'utiliser son pot de peinture rouge que pour le drapeau tunisien et par pour le sang, … par Rayma Suprani, la Vénézuélienne, qui explique qu'elle se fait insulter, traiter de tous les noms, et qui vit presque cloîtrée chez elle... ou bien lors des retrouvailles émouvantes de l'Israélien Michel Kichka et du Palestinien Baha Boukhary qui sont amis, ou encore lorsque l’Ivoirien Lassane Zohoré, du journal Gbich ! raconte à quel point l'humour a pu servir de soupape, comme un baume à l'âme, lorsque les cadavres jonchaient les alentours et qu'il fallait vivre avec...
Et la liste est loin d'être exhaustive.
Certains critiqueront la forme - point d’esbroufe cinématographique dans ce documentaire -, mais ergoter sur des détails de ce type, ou d'autres, comme le nombre de caricaturistes choisis (pour certains trop, pour d’autres pas assez, ou pas ceux qu'il faudrait…) risquent de faire passer à côté du film en oubliant de s'attacher au fond, aux valeurs de courage, de résistance, d'ouverture, de tolérance et d'humanité qui s'en dégagent.
Un documentaire captivant et important, à voir, à revoir même, et à montrer dans les écoles, à nos adolescents, pour illustrer toutes les problématiques de la liberté d'expression, de la censure, du totalitarisme, et de la résistance à l'oppression. Bref, autant d'invitation à l'esprit critique, au courage et à la résistance, à la non-résignation...
En sortant, on est presque un peu frustré d'avoir parfois un peu trop survolé la vie de ces fantassins de la démocratie, mais peu importe, puisque le film nous donne alors l'occasion d'aller les retrouver sur internet, ou dans le livre qui sort en lien avec le film (c'était la pub ^^, ils le méritent !). L'occasion aussi de se rafraichir la mémoire concernant l'histoire de certains pays - voir même de la découvrir.
Pour finir, je ne comprends absolument pas qu'on puisse faire une critique aussi négative que tixou0. Ne voir que du négatif dans ce film, comme il (ou elle) le fait, le mettre dans la catégorie « nul », est, purement et simplement, un parti pris (du même ordre que celui qu’il ou elle dit dénoncer…)… de la malhonnêteté... ou pire, un manque d’humanité désolant.