1985 : une certaine crise pétrolière et économique secoue l'Europe, l'Ireland en l'occurrence (tiens donc !), et oblige les classes moyennes supérieures à se défaire de leurs biens, à scolariser leurs enfants dans des écoles populaires, et à s'adonner au divorce, sous fond de radicalisme religieux. On se croirait en pleine période contemporaine, sauf que la musique qui agite les consciences et la jeunesse s'appelle The Cure, Duran Duran, Simple Minds, Depeche Mode, Genesis etc. "Sing Street" se situe dans un genre hybride entre la comédie romantique, la comédie musicale et la comédie sociale. "Once" "Begin Again" étaient déjà des films très musicaux au milieu desquels, le réalisateur James Carney nageait comme un poisson dans l'eau. Cette fois, il dépasse le récit quasi initiatique d'un couple, pour un film, certes musical aussi, mais dont les personnages centraux sont des adolescents. On retrouve la quête initiatique, la recherche d'un paradis perdu, et surtout le formidable travail d'écriture qui amène à produire une chanson. Car ces jeunes gaillards sont de vrais génies de la musique, capables d'emporter une salle, même en dehors de Londres, et de raconter leurs émois amoureux avec des notes. Pour reprendre une expression du film, "Sing Street" est une œuvre gaie-triste tout à la fois. Elle emmène le spectateur dans toutes les possibilités émotionnelles que sont le rire, l'attendrissement, la colère, la peur, le sanglot et la joie. C'est une œuvre fraiche, joyeuse et généreuse qui donne des ailes au cœur et des envies très fortes de danser. C'est un moment inouï de cinéma qui rappelle à sa fonction première : le divertissement intelligent.