Ce film donne de furieuses envies d'aller se faire tester au cancer du sein (ou équivalent pour les hommes, notamment prostate), il pourrait même surclasser les vidéos de préventions. On se sent toujours invincible, on est jeune, "ça n'arrive qu'aux autres", et puis un jour... Magda, jeune mère, en fait l'expérience, elle découvre qu'elle a un cancer du sein avec de forts risques de récidive, et commence à adapter sa vie à ce qui pourrait bien être ses derniers instants. De la difficulté de se sentir femme sans poitrine, avec le regard des autres qui ne comprennent pas, de la fin de vie à aménager en étant fort pour les proches et surtout pour soi-même, Ma ma (mot proche de "maman" en espagnol, mais aussi du diminutif du mot "seins") va vous plonger dans différents questionnements délicats, dont on ressort bien conscients des choses de la vie (vite, un rendez-vous de dépistage). Penelope Cruz est comme à son habitude rayonnante, avec ou sans cheveux, avec ou sans ses seins, et donne un vrai visage à la souffrance. On est déjà moins amateur de la sensiblerie qui s'accentue peu à peu, jusqu'à nous imposer des scènes nunuches (le cœur en animation, la dernière scène chantée...) et des bons sentiments dont ce drame se serait bien passé. Ma ma perd donc vite de sa finesse pour plonger dans le grand pathos, ce qui amoindrit malheureusement le propos très puissant. On retiendra néanmoins le point de vue interne sur les hallucinations liées à la maladie et à la morphine, très réalistes et bien amenées. Dommage que le film perde de sa puissance pour foncer dans la sensiblerie, car Penelope Cruz est impeccable et le discours résolument féminin (être femme sans sein) est original et réfléchi. Maintenant, tou(te)s au dépistage.