Ah Plympton on ne l'avait plus vu au cinéma depuis 2008 avec son excellent Des idiots et des Anges, et là il revient après 6 ans pour un nouveau film haut en couleur. Parce qu'il faut bien comprendre que Plympton est un génie, rien de moins, rien de plus, il arrive à faire ce que personne d'autre ne peut faire, avec ses dessins et son animation minimaliste, son sens de la poésie et son esprit déjanté il nous fait vibrer.
Parce que depuis Hair High le type commence vraiment à sortir de ses comédies loufoques pour nous sortir des films peut-être un tantinet plus posés mais beaucoup plus émouvants, et les Amants Diaboliques en est la directe continuité. On a un film profondément beau, une sorte de farce tragique dotée d'une triste beauté. Parce que ce n'est pas aussi jubilatoire et débile qu'un Mutant de l'espace ou qu'un I Married a Strange Person! (mon préféré), mais c'est vraiment beau.
En fait je suis à chaque fois surpris de réussir à rentrer autant dans le film, je veux dire le type, sans dialogues, avec son univers déjanté il parvient à dire des choses, à parler de choses vraies, donc belles, donc touchantes. Parce qu'avec un univers perché et faire rire c'est une chose, mais réussir à émouvoir avec des caricatures affreuses, c'est autre chose. Parce que ouais, même ces personnages difformes qui n'ont physiquement plus grand chose à voir avec un être humain, ils sont touchants. Ils sont touchants parce que leurs réactions sont vraies, pures.
C'est un film qui ne triche pas, il va au plus simple dans l'histoire, tout en s'offrant la possibilité de se libérer de toute norme dès que c'est possible, mais ça reste au service de cette histoire toute simple. C'est ça qui fait la force du truc, il a un but dans son film.
Et puis la musique fait beaucoup, étant donné qu'il n'y a pas un seul dialogue intelligible de tout le film et elle est vraiment très bien utilisée, se confondant avec l'image.
On passe du coup une heure et quart absolument merveilleuse, se demandant comme est-ce-qu'il va oser finir son film, jusqu'où ça va aller, mais aussi en étant vraiment ému, tout en riant au passage. Ce n'est ni réellement une comédie, ni réellement un drame, c'est fou et splendide. Plympton a cette capacité à proposer un univers qui n'appartient qu'à lui (dans le bon sens du terme) et à nous emmener sans jamais que l'on vienne questionner quoi que ce soit...
Bref c'est à voir ! Après je lui ai préféré son film précédent, mais bon, pour ce que ça veut dire étant donné la qualité des Amants électriques...