Les premiers mots qui viennent à l’esprit pour décrire Ladygrey sont contemplatif, lyrique. Le film retrace l’histoire de plusieurs personnages, par fragments. Le spectateur découvre progressivement quelles relations lient les personnages les uns aux autres, et surtout, quel est leur rapport avec le meurtre et la dissimulation des corps de onze innocents, à Ladygrey, plusieurs années avant. C’est à travers ce puzzle qui s’assemble progressivement et efficacement que l’on découvre les espoirs et les désillusions de protagonistes interprétés par un casting très hétéroclite.
Le film est à la fois en anglais et en français, en plus de dépeindre des relations parfois amicales, parfois tendues entre les sud-africains noirs ou blancs. L’on peut certes reprocher à Ladygrey d’être longuet et, au final, de ne pas raconter grand chose, au reste, le film reste très beau, et l’on en ressort avec l’esprit à la fois mélancolique et rêveur. Il ne s’agit peut-être pas d’un film à voir plusieurs fois, mais de beaux diaporamas s’enchaînent, au rythme d’une musique berçante et marquante, et il découle de l’histoire une impression d’authenticité telle que l’on serait tenté de croire qu’il ne s’agit pas d’une fiction.
Le casting est excellent, à commencer par Liam Cunningham (Game of Thrones), qui n’a certes pas le rôle le plus sympathique du film. Jérémie Renier est peut-être simplement moins convaincant en guetteur d’oiseau à l’esprit lent et à la locution difficile. Le film n’est au fond qu’un ensemble de scènes de vies qui s’entremêlent parfois, le fil rouge étant les liens entre les personnages et l’intrigue autour de Ladygrey qui se dénoue progressivement. L’histoire aurait pu commencer avant, finir après, comme ces romans de Céline ou de Proust. Certaines scènes sont dures, mais au risque de se répéter, l’on reste surtout dans la contemplation.
Cette œuvre n’est pas accessible à tous mais vaut tout de même la peine d’être découverte.