C'est rempli d'espoir que l'on part assister à cette nouvelle extension cinématographique du monde de Peter Pan.
Certes, le film a fait un méga-flop au box-office américain mais l'idée de remonter aux origines des personnages du roman (adapté de la pièce théâtrale) de J.M. Barrie est terriblement séduisante.
Le classique de Walt Disney, bien sûr, "Hook" de Spielberg, "Peter Pan" de PJ Hogan ou même récemment la série "Once upon a time" (qui a fait du chef des Enfants perdus le méchant de l'histoire) ont prouvé que le conte offrait son lot de ramifications scénaristiques à explorer en plus d'un univers très riche à retranscrire visuellement.
Enfin, imaginer le spécialiste des adaptations romanesques, Joe Wright, à la barre a quelque chose de très tentant, d'autant plus que son utilisation très réussie des archétypes de contes de fées dans le génial "Hanna" a démontré que le bonhomme peut apporter un vrai plus en la matière.
Les premières minutes de "Pan" nous présente un Peter abandonné par sa mère (Amanda Seyfried - elle avait une nouvelle pub Givenchy à tourner, pas le temps de s'occuper d'un bébé) dans un orphelinat dirigé par des nonnes au cœur d'un étrange trafic. Malgré le fait qu'on ait très envie de mettre une paire de claques à l'agaçant Levi Miller, interprète du jeune Peter, on y croit toujours.
Puis, apparaît un premier pirate, et un deuxième, et un autre... Et, sans qu'on puisse comprendre trop pourquoi, c'est à ce moment-là que se déclenche une espèce d'apocalypse cinématographique d'une ampleur inimaginable.
"Pan" se mue en un truc complètement hystérique et bariolé qui se donne pour but de brûler la rétine du spectateur en enchaînant les séquences les plus laides les unes que les autres.
On commence par une poursuite en caravelle volante remplie de pirates-clowns tout droit sortis d'un délire gay qu'aurait imaginé un Rob Zombie biélorusse sous hallucinogènes - un passage accompagné de la musique la plus à côté de la plaque qu'il soit (chapeau, John Powell, tu t'es surpassé, mon gars).
On enchaîne avec la présentation du monde en mode "Fury roadien" du pauvre de ces flibustiers dirigé par un Hugh Jackman qui semble s'éclater en geisha junkie (en fait c'est un Barbe-Noire accro à la jeunesse (attention, métaphore maligne mais alors trop trop !) mais la différence est très minime) reprenant - on ne saura jamais trop pourquoi - du Nirvana en guise d'hymne.
On continue avec une virée dans une jungle en carton-pâte où cohabitent des poissons volants, des perroquets squelettiques géants (?) aussi réussis qu'une cinématique d'un mauvais jeu de Megadrive et une tribu d'indiens-enfants maquillés comme pour une kermesse d'école qui se passerait dans la tête du David Bowie des années 70.
On passe sur les sirènes Cara Delavingne avec lesquelles on ferait une bonne friture (c'est pourtant le truc le plus réussi du film) et on s'arrête sur le feu d'artifice final.
Cet ultime moment où le film vire à l'hallucination totale, où la laideur atteint une sorte de paroxysme orgasmique, où tout se combine miraculeusement dans la plus mauvaise direction possible pour nous déclencher un des plus gros plus fous rires nerveux de l'année, ... Bref, ce moment où cette prequel du conte se transforme en un affrontement en mode "Dragon Ball Z-Clochette" à base de kaméhaméhas féeriques.
On est alors achevé, quelque part aux portes de la folie, ne comprenant pas pourquoi Joe Wright a voulu nous faire autant de mal (je t'ai rien fait, mec, moi !!).
D'ailleurs, tout le monde est fautif dans cette affaire. Wright, bien entendu, qui a confondu la folie des rêves d'enfance avec la surenchère visuelle la plus immonde qu'il ait été donnée d'imaginer et qui parviendra sûrement à faire aimer les petits délires de "Hook" à ses plus fervents "haters" après avoir commis un machin pareil.
Les scénaristes ne sont pas en reste en nous ayant proposé une trame principale aussi légère (en gros, prophétie débile "ouin, ouiiin, veux revoir ma maman !") aux ressorts métaphoriques lourdingues et en se contentant d'enchaîner les scènes d'actions ratées au milieu desquelles les rares moments les plus intimistes tombent toujours - mais toujours - à l'eau. Même les idées sur le papier qui donnaient envie d'y croire (Pan et Crochet ont d'abord été amis) ne sont pas du tout exploitées. Et bien sûr les acteurs, tous mauvais, sans exception (mention spéciale à Garrett Hedlund, on cherche toujours à comprendre ce qu'il a voulu faire
Car, oui, Pan est incontestablement un film, si on peut appeler ça comme ça, qui concourt à la purge la plus ahurissante de toute l'année, d'une puissance telle qu'elle est inquantifiable.