Cela fait quelques années maintenant que certains projets ambitieux se sont ramassés au box office. Parmi ceux-ci, citons : « Les Quatre Fantastiques », « Sin City 2 », « John Carter », « The Lone Ranger » ou encore « RIPD : Brigade fantôme » (là par contre, tout était écrit dans le titre..). Et pourtant, Pan surfe sur la vague des « prequels » et autres reboot/spin off à dimension familiale qui fonctionnent traditionnellement bien (Vous avez dit « Blanche Neige »?) Quelles sont les raisons qui pourraient expliquer cet échec ?
Tout d'abord, le scénario ! En effet, n'allez pas voir Pan pour celui-ci ! Il pourrait tenir sur la moitié de votre ticket que cinéma ! Vous avez lu le roman ? Vous risquez une crise cardiaque ! En regardant ce long métrage, on se rend assez vite compte que Joe Wright est un réalisateur visuel ! C'est ambitieux, souvent très beau et la succession des images apportent un certain dynamisme au détriment des personnages, et c'est là le gros point noir du film ! Le paradoxe vient du fait que l'on retrouve de nombreuses références à Peter Pan : les crocodiles, les sirènes, les indiens, mais que le réalisateur ne parvient pas à les développer suffisamment.
En effet, ce film était aussi l'occasion de présenter l'origine de plusieurs personnages qui se retrouvent dans l’œuvre de J.M Barrie (Crochet bien sûr mais aussi Lilly la Tigresse et la fée Clochette)… On aurait aimé trouver une densité au niveau de la construction narrative de leurs personnages, en vain.
Hélas, les rapports humains pourtant d'une grande richesse lorsqu'on évoque l'histoire de Peter Pan sont ici totalement réduits à une peau de chagrin. Dès lors, on suit les personnages mais on ne parvient pas à être ému. Exception faite de la prestation impeccable de Hugh Jackman qui nous livre une très belle performance ! Nous sommes conquis par le talent de ce comédien ! Il parvient à passer du rire aux larmes en un battement de cils. Il incarne un Barbe Noire déterminé, sans morale et terriblement fascinant.
Nous le disions, cette œuvre rend justice à Neverland. Le réalisateur aux idées débordantes parvient à les transposer à l'écran dans un rythme effréné. Le recours aux effets spéciaux, bien que colossaux, flattent particulièrement bien la rétine et laissera une image colorée où la verticalité de ce monde prédomine.
C'est bien simple, nous sommes émerveillés par tant de créativité à l'écran. Ici les lois de la physique ne s'appliquent pas et nous avons le sentiment d'évoluer dans un univers, vaste, sans entrave. Souvent, notre esprit cartésien entre en résistance...Pan respire normalement dans l'espace, sans casque ? Préparez votre cerveau à se mettre en veille. Après tout, nous sommes à Nerverland et tout est désormais possible.
Néanmoins, toutes les idées avancées dans le film ne sont pas les bienvenues. Comme ce combat sur un trampoline, ou ce chant sur fond d'un tube de Nirvana ...mais passons. Nous n'arrivons pas à en tenir rigueur à Joe pour cet élan mal placé de spontanéité. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce film est généreux. Du rythme à la dimension visuelle de l'ensemble (la beauté de la scène de fin qui ressemble à la Forteresse de la Solitude, faite de cristal dans Superman ; des corps qui explosent en poudre colorée), des monstres étranges...la liste est longue.
Alors bien sûr on attendait beaucoup des personnages et des rencontres entre Peter et Crochet… Mais le scénario nous prive de toute tension dramatique entre les deux protagonistes. Nous avons au mieux des taquineries. C'est d'autant plus dommage qu'ils sont parfaitement interprétés par Garrett Hedlund en Crochet et le jeune Levi Miller pour Pan. Même Rooney Mara se montre très juste en Lilly la Tigresse.
Un deuxième opus pourrait mettre tout le monde d'accord et permettrait d'explorer tout le relief de ces relations pourtant prometteuses. Mais ici encore, le public en décidera. De ces 111 minutes, nous garderons en mémoire un blockbuster injustement boudé. Ambitieux, techniquement maîtrisé et doté d'une identité forte, Pan pêche par un scénario faiblard ne laissant pas les personnages envahir tout l'espace qu'ils avaient à disposition.