Après avoir vu ‘Judy’ et maintenant ‘Stan & Ollie’, j’en conclus qu’en 2018-2019, la mode en était à l’exposition de la déchéance des superstars du cinéma d’avant-guerre. ‘Stan & Ollie’ est tout de même un peu moins tragique que le biopic consacré à la Judy Garland finissante mais l’idée est plus ou moins identique. Au début des années 50, Stan Lauren et Oliver Hardy ne sont plus les plus grands acteurs comiques du monde, comme ils l’étaient vingt ans plus tôt : Lauren continue à y croire et organise une tournée en Angleterre dans l’espoir de convaincre des producteurs qu’un nouveau film est possible. Oliver Hardy, plus terre-à-terre mais aussi malade et fatigué, n’y croit plus vraiment mais accepte l’aventure, par amitié pour son partenaire. Le biopic joue évidemment (modérément) sur la vis comica corporelle du duo, qu’il parvient à transposer à la réalité et même à la situation désespérée dans laquelle ils se débattent...mais aussi sur l’éternelle dichotomie entre ce qu’ils étaient à l’écran et dans la réalité : à l’écran, Hardy était perpétuellement insupporté par la désinvolture ahurie de Laurel alors que dans la réalité, c’était ce dernier qui tentait de faire survivre la légende, imaginant et écrivant les scènes, rêvant d’un retour triomphal au cinéma, négociant pied-à-pied avec des producteurs peu scrupuleux...tandis que Oliver Hardy se laissait porter, plus soucieux d’assouvir ses vices ordinaires et de complaire à son épouse. Une fois de plus, c’est l’impersonation de Steve Coogan et John C. Reilly, retenue, sans cabotinage excessif et pourtant délicatement drôle, qui s’impose comme la principale cause de réussite du film, qui retrace finalement une amitié, mouvante avec ses fréquents avis de tempête, mais indéfectible, entre deux artistes sur le déclin.