Bonne année 2016, et c’est parti pour la première grosse attente de l’année avec le nouveau Tarantino en date, The Hateful Eight, ou les 8 salopards. Et autant vous le dire maintenant, 2016 n’aura pas tardé pour nous offrir l’un des films les plus attendus de cette année, fraîchement sorti aux USA, très récemment sorti chez nous, les baguettes fraîches.
Et cette fois je n’aurais pas attendu longtemps pour que ma plus grosse attente de cette année, et ceux pour deux raisons : la première, c’est parce que le genre du Western se fait très rare ces dernières années, et c’est rare d’en voir un en salle de nos jours. La seconde raison : Quentin Tarantino ! Tout simplement mon cinéaste favoris, un auteur reconnu par beaucoup et détesté par certains non fans, applaudit et souvent récompensé pour son esthétisme et ses références au genre codé du cinéma mais aussi décrié pour la violence extrême et sanglante de ses œuvres. Il n’y a pas un seul de ses films que je n’ai pas aimé ou carrément adoré : Reservoir Dogs, Pulp Fiction, Kill Bill volume 1 et 2, Inglourious Basterds, même Le Boulevard de la mort qui est son moins connu ne m’a pas déplu. Sans parler de Django Unchained qui m’a fait découvrir son cinéma et m’a donné envie de faire des critiques et de devenir cinéphile par la suite.
QT reste donc dans le genre du western ici avec le second qu’il produit, écrit et réalise avec quelques similitudes avec ses autres films et aussi quelques nouveautés : Ennio Morricone à la musique et une première collaboration avec Jennifer Jason Leigh. Et même si l’avis n’était pas aussi enthousiaste qu’avec certains de ses autres films, je ne vais pas mentir : cette nouvelle tentative au western est une réussite, même si je ne retrouve pas une maîtrise identique à la plupart de ses films.
Premier point positif de son huitième film : les acteurs sont tous impeccable, et on retrouve plusieurs habitués du bonhomme, on va voir ce que vaut nos salopards qu’on va vite adorer haïr. Samuel L. Jackson signait sa sixième collaboration avec Tarantino, et comme toujours il y va à fond, de la même manière qu’il entrait entièrement dans la peau caricatural et détestable de Stephen dans Django Unchained. Le personnage devient vite antipathique, chose voulu pour tous les personnages à la manière d’un Reservoir Dogs, et aussi étrange que cela paraisse il en devient bizarrement drôle dans son jeu que dans le délire jusqu’en boutiste du personnage. Kurt Russel, alias Stuntman Mike dans Le boulevard de la mort, encaissait le rôle du bourreau, John Ruth. Là encore, un personnage totalement méprisable mais pour qui, bizarrement, on se surprend à s’intéresser tant par ses échanges avec le Major Warren que pour ses brutalités contre sa captive. Venons-en justement puisqu’on a là, justement, la première collaboration entre QT et Jennifer Jason Leigh (et dire que Jennifer Lawrence avait été approché), et là autant le dire de suite, l’actrice y va à fond, dés les premières secondes sa gueule annonce clairement qu’elle n’a rien d’aimable : meurtrière, vulgaire et en plus une sacrée morue, tout pour déplaire et l’actrice s’en donne à cœur joie. James Park, plus anecdotique, revenait également aux côtés de Tarantino et si son personnage est plus tertiaire, le seul à ne pas être un salopard mais qui arrachera néanmoins quelques sourires.
Parmi les copains à Tarantino, on notera bien sur Tim Roth et Michael Madsen, alias le court sur patte et le cowboy. Tout deux se révèle vite aussi charmant que haïssable aussi, mais chacun est excellent dans sa manière de l’être, le premier avec un style plus chic et raffiné, l’autre plus bourru et endurcie. Demian Bichir, le seul acteur qui m’est vraiment inconnu parmi les principaux, était plus en retrait que le reste mais le peu de moment qui lui sont donné le rendent tout aussi monstrueux que ses congénères. Bruce Dern, alias le confédéré, n’était pas en reste non plus et se montre également particulièrement odieux, même si ironiquement il arrive à nous faire éprouver de l’intérêt à son égard. Channig Tatum,
alias le bousilleur de couille,
marque plus que je ne l’espérais alors qu’en principe je suis très réticent face à cet acteur. On a donc là une parfaite panoplie de gros ordures de première, chacun à leur façon et c’est avec ce petit groupe qu’il faudra passer la tempête.
Pour la musique, Tarantino opte en principe pour des choix musicaux dans chacun de ses films, c’est sa marque de fabrique. Mais il casse cette habitude ici avec une collaboration auprès d’Ennio Morricone. Son travail sur les films de Sergio Leone et Mission représentent un modèle pour ce qui est de la musique de film, et ça fait un grand bien d’entendre une nouvelle composition de sa part, lancinante et oppressante, y compris pour la chanson Apple Blossom composé pour l’occasion que l’on retient. Ça n’égalise pas son travail passé mais ça marque quand même.
Côté visuel et mise en scène, on sent clairement que Tarantino veut adopter le style western en termes d’ambiance et de rythme, sans oublier ce qui faisait la particularité de ses films. A savoir des ralentis esthétisés comme dans Django, une narration non linéaire par chapitre même si ici on sent qu’il y a plus de linéarité que dans certains de ses autres films, un travelling rotatif lent autour d’un groupe de personnage et une caméra à ras-de-terre pour suivre les pas des personnages. Même si je regrette quand même une seule chose, c’est que pendant la première heure la lenteur se ressent par moment en longueur. Mais j’y reviendrais un peu plus sur la partie scénario. Sinon, la photo est d’ailleurs sublime, bien plus coloré et riche que la plupart des blockbusters à la Marvel. Les plans sur les paysages enneigés sont d’ailleurs de toute beauté, et la mise en image de Tarantino a une certaine symbolique,
dés l’ouverture lorsqu’il filme, au ralenti, une représentation statufié de Jésus-Christ crucifié sous la neige avec la mise pesante de Morricone en fond, dés ce moment là on peut déjà se douter qu’on ne va pas suivre des anges pendant le film.
D’ailleurs parlons-en puisqu’il reste à voir ce que vaut l’histoire que Tarantino a lui-même écrit, comme pour chacun de ses films en tant qu’auteur. Et autant vous mettre au parfum sur deux choses : la première, ce film est très verbeux, les dialogues ne manquent pas en trois heures donc si vous n’aimez pas les dialogues et long monologues, autant aller voir ailleurs. Et deuxièmement, si vous n’aimez pas suivre des personnages qui n’ont rien d’aimable et sont volontairement écrit pour être détestable et méprisable de la première à la dernière seconde, là aussi je vous conseil d’aller voir autre part.
Tout ici repose justement sur les échanges entre les personnages et leur caractère entièrement dénué de moralité (sauf O.B mais lui il ne compte pas).
Entre Marquis Warren qui s’est évadé d’une prison en tuant plusieurs combattants du nord pendant la guerre de Sécession, John qui maltraite violemment Daisy pendant tout le film, Chris Mannix qui est un gros connard raciste qui le fait clairement savoir, le groupe à Jody Domergue qui descend toute une mercerie pour tendre un piège à John Ruth ou encore Smithers Sanford qui a fait tuer plusieurs hommes de couleur pendant la guerre de Sécession,
vous comprendrez que le but n’est pas de s’attacher aux protagonistes. Une fois arrivée à la mercerie, tout le film devient un huit-clos qui, petit à petit, gagne en méchanceté, en provocation et en cruauté assumé de la part du réalisateur. Mais pourtant, ces personnages sont si détestable qu’on se prend pourtant à s’intéresser à ce qui adviendra d’eux, cela est d’autant plus démontré par le fait que certains sont montré comme étant humain, rien que par le seul échange que partage Daisy et Jody qui montre clairement qu’ils sont proche.
Mais pourtant, si j’ai adhéré en général à ce que Tarantino voulait faire, je trouve quand même que, cette fois, il va parfois un peu trop loin dans la violence,
surtout pour la mort du mexicain Bob ou Warren lui explose littéralement la tête (j’insiste, littéralement),
à ce stade ça en devient presque malsain, même si c’est voulu je pense que ce n’était pas nécessaire d’atteindre une telle extrémité. Sans oublier que, même si personnellement je ne me suis pas vraiment ennuyé, la première heure qui introduit les personnages n’est pas dénuée de longueur à travers certains monologues de personnages.
Heureusement, cette première heure est en générale bien camouflé et rempli par un humour aussi bien présent dans les dialogues et les échanges que dans certaines réactions. Sachez d’ailleurs qu’on ne rit pas des personnages en eux-mêmes, mais de leur bêtise et de ce qui leur arrive tant ils sont haïssables.
En général, malgré le fait que Tarantino ait parfois poussé les extrêmes un peu loin, tout ce qui fait que j’apprécie son cinéma est là. Tant dans la direction d’acteur et l’écriture du film que dans la narration purement machiavélique de ce huit-clos aussi bien sanglant que jouissif. Je sais pas si Tarantino va se focaliser sur des films à Westerns prochainement, mais si c’est le cas, j’en redemande alors.