Au centre de Caprice, le triangle amoureux est un thème régulièrement exploité au cinéma. Rien qu'au cours de ces derniers mois sur le sol français, on peut citer 3 coeurs de Benoit Jacquot ainsi que A trois, on y va de Jérôme Bonnell, dans lequel on retrouve également l'interprète de Caprice, Anaïs Demoustier.
Dans ce film, le personnage de Caprice est une jeune femme qui rêve de devenir actrice et essaie de se lancer, à Paris, dans une troupe amateur. Une situation que son interprète, Anaïs Demoustier, n'a pas eu à connaître au même degré puisqu'elle tournait déjà, à l'âge de treize ans, dans Le Temps du loup de Michael Haneke et a ensuite enchainé les tournages.
La comédie romantique est un genre qui n'a plus de secret pour Virginie Efira, l'interprète du personnage d'Alicia. On a notamment pu la voir dans L'Amour c'est mieux à deux, Mon pire cauchemar, La Chance de ma vie et 20 ans d'écart où elle partageait l'affiche avec la nouvelle star montante du cinéma français, Pierre Niney.
Emmanuel Mouret aime, à travers sa filmographie, explorer les tourments de l'âme humaine et du sentiment amoureux avec une fantaisie décalée comme le fait le cinéaste Woody Allen. A l'instar du réalisateur américain, il joue également dans ses propres films des personnages un peu lunaires et hors du temps. Ici, pour interpréter Clément, il s'est inspiré des rôles qu'ont pu interpréter Buster Keaton, Pierre Richard ou Jerry Lewis, des "grands maladroits (...) qui trouvaient toujours une femme sensible à leur gaucherie, à leur gentillesse et qui en tombait amoureuse".
Comme dans la plupart de ses films, Emmanuel Mouret inscrit celui-ci dans un ton légèrement décalé par rapport au réel : "Le cinéma n'est pas la réalité, le cinéma c'est avant tout du cinéma. En faisant le film, j'ai été essentiellement guidé par la notion de plaisir que j'ai éprouvé adolescent devant certains films, beaucoup plus que par celle de réalisme. Plaisir d'être avec les personnages, les décors, la musique (...)". La comédienne Virginie Efira a parfaitement adhéré à ce concept et a notamment déclaré qu'elle croyait "d'avantage à la vérité de l'émotion qu'à l'assurance du vrai".
Dans le traitement de la relation entre Clément et Alicia, Emmanuel Mouret souhaitait éviter d'aborder des sujets trop communs à leur histoire comme les problématiques liées à la famille recomposée, car l'essence même du film se trouvait bien ailleurs.
Pour le réalisateur, l'une des forces d'équilibre nécessaire à son film était d'apporter une vérité à ces deux femmes amoureuses du même homme : "Alicia est une actrice célèbre, nantie, reconnue dans la profession alors que Caprice est une débutante sans le sou à laquelle le spectateur pourrait plus facilement s’identifier. Il a fallu faire très attention à ne pas perdre Alicia : au final, elle est plus adorable que son image publique et c’est grâce à Virginie."
Parmi les nombreux thèmes que porte le film, Emmanuel Mouret souhaitait également évoquer celui de la perte de certaines illusions, notamment à travers le rapport amoureux de Clément et Caprice comme peut en témoigner Anaïs Demoustier: "Caprice est tombée follement amoureuse de Clément. Elle s’accroche à des illusions qu’elle espère transformer en réalité. Emmanuel porte un regard tendre sur cette jeune femme alors qu’elle pourrait être exaspérante : à partir du moment où Caprice est sincère dans son amour et s’entend dire qu’il ne peut pas être vécu, on ne peut qu’éprouver de l’empathie. C’est rare de tomber sur des personnages aussi entiers, généreux dans leur manière de s’exprimer, de se projeter dans une histoire d’amour".
Pour le personnage de Clément, la rencontre avec Alicia est comme la réalisation d'un rêve car elle incarne la réussite, alors que le personnage de Caprice lui apparaît comme la tentation d'un ailleurs hors norme et irrésistible. Un personnage directement inspiré de la propre vie d'Emmanuel Mouret qui témoigne : "L’idée du personnage est née de souvenirs personnels, de rencontres avec des personnes qui ne pensaient pas faire de mal mais qui se montraient excessives. Elles déploient une énergie incroyable qui heurte nos usages, notre retenue, nos modes de vie si balisés. Ces personnes-là disparaissent souvent de nos vies en un éclair ; c’est à la fois troublant et émouvant".
Pour le réalisateur, il était important que le regard et la position du spectateur soient fluctuants et que son empathie ne cesse d'évoluer d'un personnage à un autre, afin de mieux donner à voir "le spectacle de l'acceptation de nos contradictions".
Tentations d'infidélité, trio sentimental, troubles partagés, le tout avec de l'humour et un ton décalé : Virginie Efira et Anaïs Demoustier nous disent tout sur la comédie romantique à la Emmanuel Mouret.