Arf… Face à ce « Gaz de France », je suis mitigé voyez-vous… Non pas que j’ai un doute quelconque sur mon ressenti final à l’égard de ce film. Bien au contraire, je suis malheureusement au regret de constater que ce film ne m’a clairement pas emballé. Non, la vraie question que je me pose, c’est plutôt de savoir pourquoi il ne m’a pas emballé. Parce que bon, après tout, il y avait quand même pas mal de bonnes choses pour me séduire là-dedans. L’air de rien le postulat est original, plutôt audacieux, et le propos vire rapidement vers l’absurde, ce qui n’est pas pour me déplaire. Seulement voilà, malgré ces bonnes dispositions de départ, je trouve quand même que Benoît Forgeard n’a pas su aller jusqu’au bout de sa démarche et s’est laissé prendre dans un piège assez classique dans le cinéma français et qui, à mon sens, fait s’écrouler tout l’édifice : ce piège, c’est celui de la dérobade. Alors certes, Philippe Catherine est sympa, quelques moments et dialogues sont parfois amusants, et cette ambiance ouvertement inspirée de « Docteur Folamour » sait de temps en temps faire mouche sur le spectateur que je suis. Mais bon, au final, tout ce que je retiens, c’est le fait qu’en fin de compte ce « Gaz de France » n’ait jamais réellement osé aller jusqu’au bout de sa démarche. Là où j’attends d’un film au postulat culotté qu’il aille jusqu’au bout de son audace, « Gaz de France » lui a préféré se cacher derrière des codes de la bienséance qu’il a bien veillé à ne pas égratigner. Parce que oui, tout aussi absurde ce film entend se présenter, au final « Gaz de France » colle de très près à une forme très consensuelle de l’absurde. Au fond il s’agit de faire de la critique facile, très basique, sans vraiment gratter là où ça pourrait démanger. A bien y regarder, il y a un peu dans ce film un vieux relent de théâtre bourgeois, où d’un côté on se gausse de faire une peinture au vitriole de la situation actuelle, mais où d’un autre côté, on s’épargne bien au final le risque de livrer des interprétations, de véritables éléments satyriques, ou bien tout simplement une véritable peinture absurde. Tout cela est gentil, très light, et surtout absolument inoffensif. Ainsi ai-je donc essayé, sur la fin du film, de me raccrocher à cette atmosphère doucement absurde. Mais bon, pour le coup, je dois bien avouer que la réalisation de Benoît Forgeard, sa direction d’acteur, et son manque de diversité dans son humour, ont vite bridé mes tentatives de me raccrocher à quoi que ce soit dans ce film. Au final, je trouve que ce « Gaz de France », malgré ses tentatives louables, échoue sur quasiment tous les plans, à la fois dans la satyre, à la fois dans l’absurde, si bien que je ne peux m’empêcher de le percevoir au final que comme une sorte de gros flan indigeste, sans saveur et sans réelle consistance. C’est dommage. L’intention y était. Ce qui est dommage, c’est que la véritable audace, elle, n’a pas su s’inviter dans la partie… Triste…