Dire que c’est un film qui va plus s’adresser aux femmes plutôt qu’aux hommes c’est macho ? Peut-être mais ça reste mon avis. "Les filles du Dr March" ne m’a pas beaucoup parlé, contrairement à ma conjointe, qui a insisté pour le regarder. Après ça ne m’a pas empêché de le finir, j’ai essayé de lui trouver de l’intérêt, mais c’était tellement difficile tant le début est brouillon. Je ne parle pas de l’entrée en matière, réussie, attrayante et drôle, ni du parti pris de basculer entre deux époques différentes, mais je palre surtout du montage, de la succession de faits dans l’ordre chronologique choisi, qui soit nous ennuie soit nous trouble de la difficulté à les situer dans le temps. Ça va s’arranger au fur et à mesure, mais jusqu’à la moitié du film c’est tellement laborieux ! On jongle entre le présent et le passé sans prévenir, on passe d’une scène à une autre de la vie des quatre soeurs sans prendre la peine de faire les présentations, mieux nous expliquer le contexte, on est un peu perdus. D’ailleurs, je crois savoir que la pauvreté est un sujet prépondérant dans la vie de cette famille, or ce n’est pas du tout ce qu’on ressent. Tout cela est troublant, surtout que des faits importants sont énoncés dès le début, alors qu’on ne connait même pas encore ces personnages. Le temps d’arriver à la fin on regrette de ne pas avoir fait attention à certains détails. Puis, souvent les soeurs bougent et parlent beaucoup, beaucoup trop vite, elles sont pressées. Si ce n’est pas elles, c’est la caméra qui change trop souvent de plans, parfois même chaque seconde, c’est vraiment désagréable, sachant le nombre incalculable de scènes que comporte le film. J’en profite pour le signaler, là où certaines scènes clés, auraient dû être allongées pour donner le temps au spectacteur d’y focaliser son attention, ou bien faire monter en intensité ses émotions, elles sont coupées net et c’est bien dommage. Et au contraire là où des scènes superflues auraient pu être supprimées ou fusionnées, on les laisse quand même, quitte à surcharger l’action. Une erreur classique des films tirés de romans. Toutes les scènes ont quasiment la même longueur, ça les rends semblables tandis que certaines sont plus importantes que d’autres, jouer sur ce paramètre aurait été une manière de le communiquer au spectateur. La réalisation s’est voulue originale, mais elle n’a pas su maîtriser ses procédés, a mal travaillé ses aspects spacio-temporels, et a mal géré ses deux fils conducteurs en parallèle. Le spectateur se retrouve face à des idées désorganisées, ce qui les dénude de leur intérêt du moment que c’est à lui que revient la charge de tout remettre à sa place. Pourtant tout était là, de beaux décors, des costumes remarquables, des acteurs pour la plupart à la hauteur, mention spéciale à Saiorse Ronan qui incarne Jo. Il y avait de la matière aussi, avec des histoires mettant en avant la mise en place d’une société où la femme acquiert une place plus importante à l’heure où les hommes sont partis en guerre, son apport artistique aussi, face à une idéologie et un système pas forcément en sa faveur. Un point de vue abordé sans pour autant s’aventurer dans les profondeurs. Si j’avais la main sur le script, j’aurai bien barré d’un coup de stylo ferme certaines parties, et j’aurai bien avoué en toute franchise l’air blasé ne pas aimer l’écriture, en espérant que ça suscite la déception suffisante poussant les scénaristes à tout réécrire en fonction d’un spectateur qui ne connait pas forcément l’histoire à l’avance, et qui aurait inévitablement besoin de plus de repères.